Depuis mars 2020 et l'éruption de la pandémie de Covid, le secteur israélien du tourisme attend de retrouver sa normalité d'avant la crise. Au printemps dernier, Israël avait rouvert ses frontières au tourisme de groupe, sous condition d'une stricte supervision et avait également assoupli les conditions d'entrée des étrangers ayant des parents au premier degré résidant dans le pays. Et tous les étrangers devaient non seulement fournir des preuves de leur vaccination ou de leur guérison, mais aussi se soumettre à un test virologique et à un test sérologique à leur arrivée, avant d'être autorisés à circuler librement. Autant de mesures qui ont évidemment dissuadé de nombreux candidats au voyage. 34.500 touristes sont entrés en Israël au cours du mois de septembre, alors qu'ils étaient seulement 15.000 en septembre 2020. Mais en septembre 2019, ils avaient été plus de 400.000 à visiter Israël, soit près du double des entrées cumulées depuis le début de l'année.
Cela donne une idée du manque à gagner ou plutôt du gouffre économique dans lequel a plongé le secteur du tourisme en Israël. Et voilà que le programme élaboré par le ministère du Tourisme, sous le contrôle du ministère de la Santé prévoit que les visiteurs étrangers séjournant en Israël devront se soumettre à un test antigénique quotidien pour pouvoir se déplacer et accéder aux lieux publics, et ce pendant toute la durée de leur séjour. Sachant évidemment que l'entrée dans le pays ne sera autorisée qu'aux personnes vaccinées ou récemment guéries et sur présentation d'un PCR négatif de moins de 72 heures. Il est vrai qu'en Israël, les conditions du pass sanitaire, du passeport vert, pour ses propres ressortissants viennent d'être modifiées pour n'y inclure que les personnes ayant reçu une troisième injection de vaccin anti-Covid, quand le reste du monde se limite encore à deux doses.
Il est probable que le projet du ministère du Tourisme sera révisé dans les semaines qui viennent, considérant que le dispositif prévu sera impraticable. D'abord parce que les accords de reconnaissance mutuelle des certificats de vaccination entre l'Union Européenne et Israël vont obliger les autorités israéliennes à assouplir leurs conditions, faute de quoi leurs ressortissants risquent eux aussi d'être confrontés à des conditions restrictives d'entrée en Europe. Mais aussi parce que seuls les étrangers qui ont un besoin impératif de se rendre en Israël, principalement pour des raisons familiales, seront disposés à se soumettre à un dispositif de contrôle aussi contraignant.
Mais pour le secteur du tourisme, les dégâts sont déjà là. L'hôtellerie a été gravement touchée, principalement à Tel Aviv et à Jérusalem, où les établissements dépendent à 75% des touristes étrangers. Le ministère des Finances a débloqué une aide de 20 millions d'euros pour les établissements qui ont vu leur chiffre d'affaires chuter de plus de 40%. Mais il reste toutes les activités connexes, comme les guides ou les sociétés de transport ou de location de voitures qui ont également souffert de l'arrêt du tourisme entrant, sans parler des compagnies aériennes. Sans un soutien à long terme ou un plan harmonisé avec les autres pays pour l'entrée des visiteurs étrangers, le secteur du tourisme israélien aura beaucoup de mal à survivre à la crise sanitaire.
Pascale Zonszain
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