De moins en moins de Français en doutent mais il est parfois bon de s’appuyer sur des chiffres, ce que vient de nous proposer le rapport national (Epi-Phare), réalisé sur plus de 22 millions de personnes de plus de 50 ans, vaccinées entre les mois de février et de juillet 2021, publié la semaine dernière dans la presse professionnelle. Il s’agit de ce qu’on appelle une étude d’efficacité en « vie réelle », et celle-ci en l’occurrence est une des plus importantes séries comparatives mondiales, réalisée en outre avec 3 vaccins différents.
Une étude d'ampleur mondiale puisqu’elle a totalisé plus de 20 millions de personnes réparties en 2 groupes. 3,6 millions de plus de 75 ans et autant de sujets-témoins indispensables dans ce genre d’étude. Et 7,7 millions personnes vaccinées de 50 à 75 ans et là-aussi autant de non-vaccinés. Pour comparer, il faut en effet que des patients de la même tranche d’âge soient vaccinés et d’autres pas. Souvenons-nous des 1ers accidents thrombo-emboliques constatés avec le vaccin d’Astra-Zeneca. Pour les incriminer formellement, il avait fallu comparer avec le nombre d’accidents spontanés, constatés durant la même période dans une population homogène mais non vaccinée. Ceci pour être certain que le vaccin entraînait un sur-risque, qui s’est avéré léger mais réel et l’a fait très vite abandonner chez nous pour les moins de 55 ans.
Confirmation des chiffres que nous connaissons et admirons tous. Chez les plus de 75 ans, réduction de 93% (92% pour le Pfizer, 96% pour le Moderna et l’Astra-Zeneca) du risque d’hospitalisation pour Covid, à partir du 14e jour après la seconde injection et même réduction du risque de décès (93% quel que soit le vaccin). Chez les 50-74 ans dont 53,6% ont reçu Pfizer, 7,1% du Moderna, 39,2% de l’Astra, les chiffres sont comparables avec une réduction de 92% du risque d’hospitalisation à partir du 14e jour après la 2e dose et un risque de DC réduit de 86%.
Confirmation de ce que nous pressentions ou savions déjà puisque nous préconisons une dose de rappel 6 mois (8 mois au USA) après la 2ème dose chez les personnes âgées, les immunodéprimées et le personnel soignant. L’efficacité des vaccins contre les formes graves persiste dans le temps, demeurant à un niveau élevé (94% chez les plus de 75 ans, un peu plus chez les plus jeunes (96%-97%) jusqu’à 5 mois après la deuxième dose.
L'agence européenne a donné son accord pour un rappel en population générale, une décision jugée prématurée pour la HAS qui attend d’être absolument certaine de la nécessité de cette troisième dose pour les plus jeunes.
L'efficacité du vaccin est moindre comme on l'a dit avec le variant Delta, très légèrement chez les personnes les plus âgées avec une efficacité tout de même de 84% chez les plus de 75 ans mais qui reste à 92% chez les plus jeunes. Ces chiffres confirment en tout cas l’efficacité réelle et suffisante des vaccins ARN actuels sur le delta, ce qui est rassurant compte-tenu du fait qu’il est totalement hégémonique chez nous.
Les vaccins ARN constituent la divine surprise de la pandémie. Le patron de Pfizer expliquait il y a quelques mois qu’il faudrait 6 semaines pour fabriquer un nouveau vaccin contre un éventuel variant. Mais au vu des chiffres qui sont sortis de l’étude Epi-phare et du terrain, nous n’en avons pas besoin pour le moment. Et nous aimerions même, que tous nos autres vaccins, par exemple l’antigrippal, affichent de tels niveaux de performances. La médecine va profiter de cet épisode terrible pour faire un grand bond en avant… grâce à d’autres applications probables des ARN. Ne dit-on pas : « Qu’à quelque chose malheur est bon » ? C’est apparemment le cas ici.
Docteur Serge Rafal
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