Cette vaste famille de pigments végétaux colorés, qui vont du rouge au vert en passant par le jaune ou l’orangé, possède de remarquables propriétés antioxydantes, c'est à dire qu’elle protège indiscutablement la santé. Nous trouvons ici le lycopène, le caroténoïde que nous consommons le plus (5 à 25 mg/jour selon la saison), particulièrement concentré dans la tomate et ses produits dérivés (jus, sauces, ketchup), la papaye, la pastèque : il protégerait dit-on du cancer de la prostate. Le bêtacarotène, précurseur de la vitamine A, dont nous consommons 3 à 6 mg/jour, est présent lui dans l’abricot, les algues, la carotte, les légumes verts, l’orange, la spiruline. Il veillerait dit-on à la santé des cheveux. La lutéine et la zéaxanthine, très présentes dans le brocoli, le chou vert, l’épinard, le jaune d’œuf, le kiwi… préserveraient elles la rétine, la vision et la santé des yeux (DMLA). L’astaxanthine, concentrée dans le krill et les algues microscopiques, renforcerait les articulations, les muscles, les tendons et le tissu conjonctif… On comprend mieux à cette énumération alléchante des vertus supposées des caroténoïdes, les envies que peuvent avoir nombre d’entre vous à y recourir largement.
Ils sont utilisés dans l’agroalimentaire comme des colorants et en nutrition pour leurs propriétés antioxydantes qui nous l’avons-vu réduiraient, protègeraient, préviendraient les maladies cardio-vasculaires et certains cancers, les affections dégénératives liées au vieillissement, les méfaits du soleil sur la peau. Mais depuis 2012, les autorités de santé européennes (EFSA) ont estimé qu’ils ne pouvaient prétendre à ces allégations-santé désormais interdites, les preuves scientifiques formelles étant jugées insuffisantes.
Les caroténoïdes ont fait l’objet de nombreuses études mais les résultats sont pour le moins contrastés : si le risque de cancer de la prostate est significativement réduit par la tomate cuite, dont le lycopène est mieux absorbé, le risque de cancer du poumon est 5 fois plus élevé avec des apports quotidiens de 30 mg ou plus, de bêtacarotène, administré seul. Il existe donc un effet bénéfique ou délétère, selon la dose utilisée, l’état nutritionnel du malade, les associations alimentaires ou de suppléments, l’existence d’autres facteurs de risque de cancer, d’où la décision de l’EFSA. Un complément alimentaire, comme la langue d’Esope, l’esclave phrygien, peut-être la pire ou la meilleure des choses, bon pour certains, mauvais voire dangereux pour d’autres.
Contre indications pour l’enfant et la femme enceinte et allaitante. Et attention aux doses trop fortes chez un fumeur.
Les caroténoïdes ont des effets indésirables mais pas très graves quand on les utilise correctement, c'est à dire sans dépasser 20 mg/jour, en les associant et qu’on fait partie des personnes à risques. Ils peuvent entrainer une coloration orangée de la peau qui disparaît progressivement avec l’arrêt de la supplémentation.
Un complément alimentaire intervient par définition en complément de l’alimentation qui doit d’abord être variée et de qualité. Et quand on est en bonne santé, pas besoin d’espérer ou vouloir être en super-bonne santé, en se bourrant de compléments quotidiens, a fortiori s’ils sont trop dosés et que l‘on n’est pas carencé. « Le mieux dit l’adage est parfois l’ennemi du bien ». C’est assurément le cas ici. Manger coloré suffit dans la plupart des cas.
Docteur Serge Rafal
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