Le Contrôleur de l'Etat d'Israël n'y va pas par quatre chemins : le pays a accumulé les retards et les négligences dans son traitement du changement climatique, qui est désormais une urgence nationale. Il y a un vrai risque d'atteinte aux infrastructures nationales, constate le Contrôleur Matanyahou Engelman, dans son rapport publié mardi. Israël est l'un des rares pays à ne s'être toujours pas doté d'un véritable programme, alors qu'il se trouve dans une région où le risque est particulièrement élevé, avertit le Contrôleur, qui ajoute tirer littéralement le signal d'alarme. Ses services, qui constituent l'équivalent israélien de la Cour des Comptes, sont remontés jusqu'aux décisions gouvernementales prises depuis 2009. Mais ces différentes décisions n'ont pas été suivies d'effet ou ont été considérées comme des enjeux secondaires. Trois ans après les derniers objectifs fixés par le gouvernement, les trois quarts des institutions publiques concernées n'ont toujours pas cartographié les risques environnementaux, ni la façon de les traiter, et le pays n'a donc toujours aucun plan opérationnel.
Entre 2015 et 2020, constate encore le rapport, Israël a vu une augmentation de ses émissions de gaz à effet de serre, ce qui le place au 10E rang des pays les plus polluants par habitant. Israël est encore le mauvais élève de l'OCDE puisqu'entre 1990 et 2030 il aura augmenté de 103% ses émissions de gaz, là ou des pays européens ou les Etats-Unis les auront réduites d'un peu plus de 30%. Et pour ce qui est de l'investissement dans les infrastructures, le développement durable, la réduction des émissions de gaz et le développement des énergies renouvelables, Israël est au mieux en retard et au pire totalement inactif, estime le Contrôleur de l'Etat. Rien n'est encore prévu pour réglementer la construction selon des normes thermiques et énergétiques, qui rendraient les immeubles d'habitation adaptés au climat, tout en réduisant la consommation de courant.
Quelques constats concrets relevés par le rapport ; en 2015, le gouvernement israélien avait fixé l'objectif de réduire de 20% les déplacements en véhicules particuliers. En 2019, ils avaient augmenté de près de 20%. En 2009, Israël s'était fixé un objectif à dix ans de produire 10% d'énergie verte. En 2020, il en était juste au-dessus de 6%. Quant aux véhicules électriques, ils représentaient en 2020 à peine 0,05% du parc automobile israélien. Et l'interdiction d'importation de véhicules thermiques qui devait entrer en vigueur en 2030, a été repoussée à 2035, mais là le report est dû à la crise sanitaire.
Parallèlement aux mesures visant à réduire la pollution, il faut aussi se prémunir contre les risques induits par le changement climatique en cours. Et là encore, constate le Contrôleur de l'Etat, Israël est en retard. Les répercussions d'une hausse supplémentaire des températures et d'une désertification du climat se feront ressentir sur l'agriculture, les ressources en eau, la santé, les infrastructures. Et le rapport regrette d'ailleurs qu'aucune évaluation macro-économique n'ait été réalisée sur les effets du changement climatique.
Le gouvernement Bennett a publié dimanche sa liste des 100 actions d'urgence pour le climat. Il n'y a plus qu'à se mettre au travail.
Pascale Zonszain
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