Le nouveau président du Consistoire central, Elie Korchia, était l'invité d'Ilana Ferhadian dans le Morning de Radio J ce vendredi matin pour sa chronique hebdomadaire à 7h20. Il est revenu sur l'inauguration du musée Dreyfus à Médan dans les Yvelines et la restauration des tombes du cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), six ans après leur profanation. Propos retranscrits par Radio J.
Cette cérémonie d'inauguration du musée Dreyfus à la maison Emile Zola (à Médan dans les Yvelines) était particulièrement importante, en présence de nombreuses personnalités telles qu'en tout premier lieu le président de la République, Emmanuel Macron, le Grand Rabbin de France Haïm Korsia, le président du CRIF, Francis Kalifat, l'ancien Premier ministre, Manuel Valls et sa femme (ndlr: Susana Gallardo), Valérie Pécresse et des ministres, Elisabeth Moreno et Roselyne Bachelot. Plus symboliquement, la pédagogie qui découle de cette inauguration est particulièrement importante: Emile Zola est celui qui a combattu pour l'honneur du capitaine Dreyfus, pour la vérité, pour la justice, alors qu'au départ son parcours ne le prédisposait pas à cela. Il a décidé de se battre au péril même de son honneur d'abord, de sa vie ensuite. Dans cette maison Zola, qui a été entièrement rénovée, vous sentez l'âme de l'écrivain. Il faut imaginer un style des années 1850-1900, les boiseries, les vitraux remarquables. On a l'impression d'être à la table de l'écrivain. A travers le mobilier présent dans la maison, on sent l'âme d'Emile Zola. C'était un moment émouvant.
Le musée Dreyfus a lui été construit dans un esprit de modernité, une pédagogie dans la gestion des espaces, des sons, des vidéos et des éléments photographiques projetés et diffusés. Pour les collégiens et lycéens qui visiteront ce musée, cela déconstruira, je l'espère, cet antisémitisme du quotidien qui malheureusement est une des plaies de notre société. Quand le Président Emmanuel Macron a parlé du combat des dreyfusards qui est un combat consubstantiel de la République, pour dire que le combat pour la République passe aussi par le combat contre l'antisémitisme.
Six ans après la profanation du cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), le site a été réhabilité jeudi en présence du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Il s'agissait d'un moment particulièrement important également mais dans un autre versant qui est de nouveau l'antisémitisme. On a connu un moment terrible à Sarre-Union en février 2015, un mois après les attentats. Cela a été un moment terrible localement, qui a touché la France entière, pas seulement les Juifs avec cette profanation de 270 tombes, stèles. Cela a été un moment d'effroi. Nous avons vécu un moment particulièrement émouvant jeudi en présence du président du Consistoire du Bas-Rhin, Maurice Dahan, et toute son équipe ainsi que le ministre de l'Intérieur, le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, car on a vu les tombes en photo telles qu'elles étaient après le saccage en février 2015 et ce travail pied à pied de restauration. C'était évidemment un grand soulagement pour les familles. La famille Lehman était notamment présente, quasiment 100 tombes profanées étaient des tombes de cette famille. Le représentant de la famille s'est exprimé avec une émotion palpable, avec des sanglots dans la voix. Sur certaines tombes, on voyait des personnes ayant combattu pendant les deux Guerres mondiales et qui ont permis parfois des avancées extraordinaires, qui sont morts au combat. Il y avait des tombes qui représentaient réellement l'âme de la République française. Cinq jeunes ont été condamnés par la justice, cinq mineurs. C'est donc important de dire qu'à travers des actes pareils, la déconstruction de cet antisémitisme doit passer par l'école, la famille, l'éducation car c'est cela qui entraîne ce type de drames.
Gabriel Attal
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