Alain Knoll est venu témoigner au procès des assassins de sa mère, mardi 2 novembre. Un homme déchiré qui ne se pardonne pas d’avoir fait entrer chez elle, le jour du meurtre, « le fils de la voisine », Yacine Mihoub, l’un des deux accusés. Et vraisemblablement le tueur.
Il ne fait aucun doute pour Alain Knoll que sa mère Mireille a été « massacrée » à 85 ans parce qu’elle était juive, comme il en a témoigné mardi au cinquième jour du procès des , poignardée onze fois avant d’être brulée .
"Impossible de faire notre deuil , j’attends beaucoup de ce procès", avance Allan qui souhaite montrer d’autres photos de sa maman que celles qui avaient été montrées à la cour "la photo de son cadavre à moitié carbonisé … elle n’avait plus de visage , plus de joues , plus de nez ou de bouche, il ne restait qu’un crâne difforme et je ne voulais pas que vous pensiez que ma mère n’avait pas de visage … constatez la beauté de son regard , toute la douceur et l’affection qu’elle portait aux gens, elle ne voyait le mal nul part". A tel point qu’elle "ne pensait pas que son protégé devienne son bourreau", ajoute Allan Knoll visant Yacine Mihoub dans le box "ce menteur invétéré".
Ce 23 mars 2018, Alain Knoll vient voir sa mère et lui prépare le déjeuner. À son arrivée dans le hall, il tombe à sa « surprise » sur Yacine Mihoub qui « l’attend » il ne l’avait jamais vu encore.
Mihoub, dont la mère habite dans le même immeuble modeste de l’est parisien que Mireille, lui explique qu’il est un ami de sa mère et « vient de sortir de prison ». En fait il a été libéré en novembre 2017 après une condamnation pour agression sexuelle sur mineure, des faits qui s’étaient déroulés dans l’appartement même de Mireille Knoll. À ce titre il lui est interdit de fréquenter cet immeuble du XIe arrondissement, élément que la famille Knoll ignore.
Alain Knoll lui ouvre la porte, note que sa mère semble « contente » de voir Yacine Mihoub, le fil de la voisine, qui lui rend de menus services depuis qu’il est gamin. Mais rapidement Alain Knoll, comme il le raconte à la barre, ressent un « malaise » à voir cet homme « pas agressif » mais « sans gêne » qui prend un verre et se sert du Porto.
"Je lui ai ouvert la porte , quelques heures plus tard il la massacrait". J’avais demandé à ma mère en Yddish pour qu’il ne comprenne pas , si elle voulait qu’il reste. Elle m’ regardé avec ses beaux yeux bleus et un sourire et je suis parti". Alain doit retourner au travail. Il continue son récit les larmes au bord des yeux.
Ses mots se font hésitants, ses silences lourds dans la petite salle des assises de Paris. Puis il finit par lâcher : « Si j’avais su ce qui se passerait, je l’aurais fait partir… Ce sentiment de… Je n’ai pas été à la hauteur, je n’ai pas pu la protéger."
"Ma mère était juive et ils le savaient tous dans la résidence". Alain parle de cette mezouza collée au linteau de la porte d’entrée de Mireille Knoll. Il évoque le mot arabe péjoratif utilisé par la mère de Mihoub "Youdi", comme youpine explique-t- il.
Dans le box Yacine Mihoub et Alex Carrimbacus, deux jeunes à l’enfance difficile et coutumiers des mensonges sont accusés du meurtre de Mireille Knoll, avec les circonstances aggravantes du fait de la vulnérabilité de la victime, atteinte de la maladie de Parkinson et ne pouvant que très difficilement se déplacer seule, et de son appartenance à la communauté juive. Ils ne regardent pas le témoin .
"Pourquoi qualifier ce crime d’antisémite ?", demande Charles Consigny, l’un des avocats de Mihoub, si ce n’est que le parquet a retenu cette qualification ? Les avocats de la défense veulent détruire le mobile antisémite dès qu’ils peuvent.
Au début "on ne voyait pas l’aspect antisémite avec mon frère et notre avocat Goldnadel", explique Alain Knoll, « nous pensions à un crime crapuleux ». Mais considérant "la violence des coups de couteau", c’est le signe d’une « haine pure », « j’en conclus qu’ils se sont payés une youpine et qu’ils l’ont massacrée », dit à la cour Alain. Il cite aussi, pour la première fois, des bribes de conversation qu’il dit avoir entendu ce 23 mars entre sa mère et Mihoub. Elles concernent l’extrême droite et des « Juifs qui sont des privilégiés » Une conversation qui ne lui pas plu du tout .
Mais l’avocat de Mihoub lui rappelle qu’il a été entendu le jour des faits et le lendemain par les enquêteurs et ne les a pas mentionnées : « A aucun moment vous n’indiquez cette discussion », lui lance Fabrice de Korodi Katona, qui dénonce une « rumination antisémite » attribuée à son client. En fin d’après midi le frère de Mihoub, lui, se fera étriller par les parties civiles. Mihoub s’enfonce de plus en plus …
Michel Zerbib
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