Karen Noblinski et Rachel Flore Pardo, avocates au barreau de Paris, étaient ce mercredi matin au micro d’Ilana Ferhadian à 8h45 dans le Morning de Radio J. Elles demandent une meilleure prise en charge des plaintes pour violences sexuelles.
Les deux avocates se sont récemment fait entendre avec une tribune signée par cent avocats dans les colonnes du Journal du dimanche. Leur combat : faire en sorte que les victimes de violences sexuelles puissent être assistées par un avocat dès le dépôt de plainte au commissariat. « Le Code de Procédure Pénale ne dit pas explicitement que le plaignant à droit à un avocat dès le dépôt de plainte et l’audition de la victime. Le code dit seulement que le plaignant peut être accompagné d’une personne majeure, et en pratique les policiers refusent la présence d’un avocat », a expliqué Me Rachel Flore Pardo.
Le hashtag #doublepeine survenu le 23 septembre dernier après le témoignage d’une jeune femme qui alertait sur les manquements constatés dans la prise en charge des dépôts de plainte pour violence sexuelle a été très relayé sur les réseaux sociaux. Une double peine, voire une triple peine, la violence de l’acte, la non prise en charge pénale, et le traumatisme psychologique, puisqu’il y a aussi tout un aspect psychologique dont on parle peu. Pour Me Karen Noblinski, « il y a parfois des questions très maladroites de la part des policiers, ce qui montre la nécessité de mieux les former pour la prise en charge de ce type de plaintes ».
Les forces de l'ordre sont tenues de recevoir les plaintes déposées par les victimes d'infractions. Cependant, nombreuses sont celles dont la plainte n'est pas reçue. Et lorsqu'elle l'est, c'est parfois avec une attente longue. « Dans ce type d’affaires la question du temps est primordiale pour recueillir les preuves. L’examen médical doit être effectué dans les plus brefs délais pour pouvoir éventuellement prélever de l’ADN lors d’une consultation gynécologique par exemple », a déclaré Me Karen Noblinski.
Les deux avocates entendent changer les choses en obtenant une réponse législative. « Nous demandons la consécration dans le Code de Procédure Pénale de pouvoir être assisté par un avocat dès le dépôt de plainte avec un système de commission d’office couvert par l’aide juridictionnelle. Pourquoi au moment du dépôt de plainte ? Parce que c’est précisément le moment le plus important. La victime se livre pour la première fois sur ce qu’elle a pu subir et va donner les premiers éléments qui permettront d’établir sa représentation par la suite », a indiqué Me Rachel Flore Pardo.
La reconnaissance de ce droit semble être en bonne voie puisque la revendication de Me Rachel Flore Pardo et Me Karen Noblinski a déjà reçu des soutiens politiques très forts. Notamment celui d’Elisabeth Moreno, la ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes ainsi que celui de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur.
Alexandra Senigou
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