Zoom sur Hemi Peres qui fait partie des figures emblématiques du hightech israélien omniprésent sur la scène du Venture Capital depuis des années.
Hemi (63 ans) est le fils de Shimon Peres. Il est le co-fondateur de Pitango Venture Capital, le plus grand fonds de capital-risque d’Israël, et président du « Peres Center for Peace and Innovation ».
Nous l’avons croisé plus d’une fois lors de colloques sur l’innovation israélienne. Son style calme et déterminé rassure beaucoup les investisseurs du monde entier qui souhaitent investir dans le pays. Riche comme Crésus, il vit à Raanana dans la discrétion la plus absolue. Son mode de vie n’est pas ostentatoire. Sans aucun doute Hemi Peres a influencé son père sur les sujets liés à l’innovation.
Pitango Venture Capital, créé en 1993, gère plus de 1,8 milliard de dollars et est dédié à l’investissement dans les start-ups early-stage. Hemi Peres rapproche les fonds chinois des entreprises innovantes israéliennes.
Pitango est actif aussi sur l’axe Inde et Israël. Les deux pays ont mis en place un grand nombre de projets de recherches approfondies dans les domaines appliqués couvrant la biotechnologie agricole et médicale, la génomique humaine, la nanotechnologie, l’imagerie et la robotique, l’énergie solaire, ou encore la communication.
Hemi s’est exprimé récemment sur l’avenir d’Israël. « Israël est le premier pays construit par l’innovation dès le début, c’était une nécessité »; « lorsque Theodor Herzl a conçu une patrie juive, il a écrit très clairement sur la façon dont l’État devrait être. Au début, l’innovation concernait la culture, le type de société que le pays devait être. Au-delà du pays lui-même, nous avons créé des kibboutzim, nous avons fait renaître la langue hébraïque ».
« Après cette première étape d’innovation », a déclaré Hemi Peres, « le pays s’est stabilisé mais a continué à développer une économie basée sur l’innovation – par nécessité. Nous n’avions pas assez d’eau, alors nous avons vu des innovations dans l’agriculture, comme l’irrigation au goutte-à-goutte, puis le dessalement de l’eau à grande échelle. En matière de défense, nous avons développé la technologie nucléaire, la cyber-sécurité ; sans elles, nous n’aurions pas pu nous défendre ».
« Aujourd’hui, nous nous efforçons d’introduire des objectifs et des valeurs juives dans nos activités de start-up ; nous essayons de rendre le monde meilleur. Les technologies de pointe ont un rôle important à jouer à cet égard ».
Au sujet du risque de défaillance des start-ups du fait du COVID-19, Hemi Peres s’est montré optimiste. Les start-ups dans les domaines de la santé, de la cybersécurité, de l’analyse de données, des méta-données devraient bien se porter, a-t-il soutenu – et il y en a beaucoup en Israël – car dans tous ces domaines, il y a une croissance de la demande.
Dans ce nouveau monde, a suggéré Hemi Peres, toute entreprise a besoin de deux jambes – l’une dans le monde physique, l’autre dans le monde numérique. « Sans un composant numérique, les entreprises peuvent s’effondrer complètement.
C’est un scénario auquel personne n’avait pensé auparavant. Aujourd’hui, les entreprises ont besoin d’un modèle commercial diversifié, pas seulement dans le domaine de la haute technologie : servir des aliments dans un restaurant est le monde physique ; produire des aliments à livrer est le monde numérique ».
Il s’est montré tout aussi positif lorsqu’on l’a interrogé sur les dangers de l’intelligence artificielle. « Jusqu’à la pandémie, nous pensions qu’il y avait un réel danger que l’intelligence artificielle supprime des emplois ; ensuite, nous avons vu comment le monde était prêt à nuire à l’économie mondiale afin de s’assurer que les gens restent en bonne santé. De la même manière, nous devons trouver comment faire en sorte que l’innovation soit utilisée pour créer un bien collectif ».
Lorsqu’il lui a été demandé s’il pourrait suivre les traces de son père et se présenter à des fonctions publiques, Chemi Peres a répondu que, d’une certaine manière, le « Centre Peres » a plus d’impact sur la société qu’un ministère du gouvernement. « Nous encourageons la jeune génération à réfléchir, à planifier et à prendre des responsabilités. Nous faisons grandir une nouvelle génération d’entrepreneurs ».
LE PLUS. « La plupart des sociétés de capital-risque israéliennes sont encore des « clubs masculins fermés » où leurs partenaires grandissent ensemble, mangent au même mess pendant leur service militaire ou travaillaient dans la même entreprise avant de fonder leur société de capital-risque ».
L’initiative « Power in Diversity » a été mise en place il y a quatre ans pour faire entrer les communautés minoritaires comme les Arabes, les ultra-orthodoxes, les Éthiopiens et d’autres dans l’écosystème technologique. Dans le conseil de surveillance de « Power in Diversity » on retrouve les fonds de capital-risque inclus dans l’initiative, Pitango.
LE PLUS. L’initiative « Power in Diversity » a été mise en place il y a quatre ans pour faire entrer les communautés minoritaires comme les Arabes, les ultra-orthodoxes, les Éthiopiens et d’autres dans l’écosystème technologique. Dans le conseil de surveillance de « Power in Diversity » on retrouve les fonds de capital-risque inclus dans l’initiative, Pitango.
Daniel Rouach
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.