La France compte environ 6 millions et demi d’obèses et près de 2 millions de personnes en surpoids. L’obésité est une maladie souvent liée à l’alimentation mais pas uniquement ! Elle est plurifactorielle avec des composantes, principalement génétique, hormonale, sociétale. Nous ne sommes pas égaux devant la prise de poids qui est souvent injuste : certains à apport énergétique égal grossissent, alors que d’autres sans aucun effort restent à un poids stable. La relation, pourtant longtemps admise, entre les calories ingérées et le poids n’est ni constante, ni linéaire, ni évidente… sauf bien sûr en période de famine ou dans des circonstances exceptionnelles que certains de nos auditeurs âgés ont malheureusement pu connaître.
Contrairement à ce qui est parfois perçu ou avancé, les enfants obèses ne sont pas tous sans volonté, incapables de résister aux nombreuses tentations auxquelles les soumet la société de consommation. Ils font en réalité souvent des efforts quotidiens mais leur régime, équilibré ou pas, se solde à moyen et long terme par un échec dans 95% des cas. Et c’est même un double échec, à la fois pondéral et psycho-comportemental. La perte musculaire est en effet compensée par de la graisse et l’excès de contrôle finit, nous le savons bien, par entraîner des pulsions alimentaires irrépressibles qui aggravent finalement le surpoids.
Des études ont été menées dans de nombreux pays depuis une vingtaine d’années. Les fortes corpulences sont très régulièrement moquées ou discriminées. On leur a longtemps reproché de trop manger ou de le faire en cachette, de manquer de courage et de volonté, d’être paresseux, de prendre trop de place, de ne pas se bouger, de manquer de compétences… que sais-je encore ?! Ceci peut entraîner une spirale délétère avec perte d’estime de soi, isolement, sédentarité, compensation… et (re)prise de poids.
Le laboratoire a analysé plus de 180 000 messages ou témoignages déposés sur Twitter, Facebook, Instagram et des forums consacrés à l‘obésité. Et les résultats confirment mon propos. Si Facebook et Instagram sont plutôt bienveillants et informatifs, Twitter est volontiers moqueur, critique et stigmatisant. Ce qui n’a rien d’étonnant puisque les réseaux sociaux, s’ils ont de nombreux avantages que je n’évoquerai pas ici, sont souvent source d’intimidation, de harcèlement, d’humiliation.
Certains médecins, faute de formation ou non concernés par le surpoids, reconnaissent des difficultés, une appréhension ou une réticence à prendre en charge des patients en surpoids ou obèses. Ceci d’après certaines enquêtes pourrait influencer le déroulement de la consultation, exposant à écoute moins attentive et à plus d’examens prescrits !
L’obésité est une maladie à part entière et pas une silhouette ou un simple trait de caractère, qui pèse dans tous les sens du terme sur celui ou celle qui en sont victimes. Changeons notre regard et nos attitudes et refusons ce terme hideux, stigmatisant, indigne de grossophobie qui en paraphrasant Camus, ne fait que rajouter du malheur au monde.
Docteur Serge Rafal
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