La police israélienne attendait ce genre d'image depuis longtemps. Des dizaines d'arrestations simultanées, des trafiquants sous les verrous et un arsenal exposé devant les caméras de télévision. L'opération "Ocean" a certainement redoré le blason de la police israélienne, sous le feu des critiques pour son incapacité à lutter contre l'insécurité dans le secteur arabe. L'opération qui a engagé de gros moyens a duré près d'un an. Les armes illégales saisies par la police ne sont que quelques dizaines – une goutte d'eau dans un arsenal estimé à des dizaines de milliers – mais il s'agissait surtout de démanteler les réseaux de trafic à la source. Ce qui fait que le public arabe israélien a parfaitement compris qu'il n'était pas en présence d'un coup de filet de plus, mais du début du traitement à la racine du problème de la violence sectorielle.
Les arrestations effectuées dans 25 localités à travers le pays, y compris à Jérusalem-est n'ont suscité aucune protestation, ni manifestation spontanée. Pas de réaction hostile non plus sur les réseaux sociaux. Cette fois, il s'agit réellement d'un tournant. Jusque-là, les opérations policières dans les localités arabes étaient mal perçues par le public arabe israélien, considérées comme insuffisantes, ou bien motivées par un traitement excessif contre la population locale, en particulier lors de la répression des émeutes du printemps dernier. Rien de tout cela donc, dans l'opération de mardi. La conférence de presse organisée par la police comportait d'ailleurs la participation de représentants du gouvernement aux côtés des élus des principales localités arabes.
Les armes et la violence ne vont pas disparaitre du jour au lendemain dans la rue arabe israélienne. Mais la plus importante opération d'arrestation de trafiquants d'armes dans l'histoire de la police israélienne adresse un message aussi bien au public arabe qu'au crime organisé. Car si les armes ont envahi les localités arabes, c'est d'abord parce qu'il était facile de s'en procurer. Acheminées depuis les territoires palestiniens de Cisjordanie, venant pour certaines du Liban ou de Jordanie, les armes de poing, fusils d'assaut et autres armes de différents calibres s'achètent presque à tous les coins de rue. Et si les premiers clients sont les gangs locaux, la population est venue grossir les rangs des acquéreurs. Car en l'absence d'une véritable dissuasion policière, la possession d'une arme pour se défendre et défendre sa famille était pour beaucoup, devenue une nécessité. Depuis le début de l'année, plus d'une centaine d'Arabes israéliens ont été tués, dont des victimes de racket ou de balles perdues dans des fusillades.
Pour le crime organisé du secteur arabe, le trafic d'armes est devenu aussi rentable que le trafic de drogue. Mais le fait que les plus importants trafiquants soient tombés cette semaine grâce à un repenti infiltré par la police, devrait aussi contribuer à ralentir leur activité. La police israélienne a prouvé qu'elle pouvait frapper au cœur du système. Les autorités espèrent maintenant que ce succès va permettre de convaincre les citoyens arabes israéliens de reprendre confiance dans les services de police et que l'insécurité n'est pas une fatalité.
Pascale Zonszain
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