Le communicant, Raphaël Llorca, était l'invité de Steve Nadjar dans le Grand Journal de Radio J ce mardi après-midi. Dans une note à la Fondation Jean Jaurès, le doctorant en philosophie du langage décrypte l'impact d'Eric Zemmour dans la campagne présidentielle 2022. "Il y a un mythe de l'unité qui est puissamment ancré dans les pensées et les têtes. Et la façon même de conquérir le pouvoir, on gagne au centre, un moment donné il y a une façon d'incarner une synthèse, d'incarner quelque chose qui puisse rassembler le plus possible. Ce qui frappe c'est qu'Eric Zemmour fait le pari exactement inverse. Il fait le pari que rassembler les Français c'est le sonnet de la soumission à l'ordre dominant. Il est dans une logique de fracture totale. Violence des mots, violence des images. Il refuse ce mythe de l'unité pour embrasser quelque chose de beaucoup plus radical. (...) Là où Marine Le Pen parti d'une position extrême et essaye de modérer son discours pour essayer de parler et convaincre le centre mou de la société, ceux qui ne sont ni modérés ni radicaux, lui fait le pari inverse, il fait le pari qu'il va radicaliser ce centre mou de la société. C'est ce mouvement qui me frappe. Il y a un essayiste italien, Giuliano da Empoli, qui a écrit une belle tribune dans Le Monde où justement basée sur cette observation de ce qu'il s'est passé en Italie avec Salvini. il parle d'une mécanique consistant à faire baisser le coût d'adhésion aux idées extrêmes, je trouve ça extrêmement juste. Je pense qu'on est en train de vivre ça dans le débat public. Ca a été d'abord le cas en Italie, ensuite le cas aux Etats-Unis, je crois qu'on est dans cette logique là. Jusqu'au bout, Zemmour incarnera une campagne à mort, sans compromis, sans volonté de rassembler, en fracturant toujours plus et en faisant le pari que cette campagne ne se jouera pas sur le clivage droite-gauche", a déclaré Raphaël Llorca.
Gabriel Attal
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