Les vertus de la passiflore, la chronique du docteur Serge Rafal

France.

Les vertus de la passiflore, la chronique du docteur Serge Rafal
(Crédit: DR)

Avec la pandémie qui dure maintenant depuis plus de 2 ans a eu et a encore des conséquences sur l’état nerveux de nos concitoyens. Beaucoup ont toutefois une réticence vis-à-vis des tranquillisants, pourtant véritable révolution dans l’histoire de la médecine lorsqu’ils sont apparus à la fin des années 50, mais probablement trop et mal utilisés, en raison précisément de leur efficacité. Les patients en redoutent principalement l’accoutumance et recherchent volontiers des solutions plus douces et naturelles comme les plantes. Et parmi celles-ci, la passiflore est probablement une des plus employées, car une des plus apaisantes. Elle fait d’ailleurs partie de la composition de multiples spécialités pharmaceutiques, seule ou en association avec l’aubépine (très cardio-sédative elle), la camomille (digestive), le coquelicot et le houblon (hypnotiques), la mélisse (digestive), la valériane (l’herbe à chat aux vertus tranquillisantes).

La passiflore, cette plante grimpante, ligneuse, qui peut atteindre 10 m de haut, pousse dans des régions ensoleillées et chaudes. Elle est originaire du Mexique et d’Amérique du Sud, déjà bien connue des Aztèques. Rapportée par les Conquistadors, elle s’est adaptée sur d’autres continents, c’est ainsi qu’on la retrouve à présent en Asie, en Europe et même en France. Sa fleur avec des pétales blancs et une couronne rappelle les instruments de la Passion du Christ d’où son nom. Il en existe près de 500 variétés, mais seules 1 ou 2 sont exploitées en médecine. A noter que le fruit de la passion ou maracudja, bien que de la même famille n’appartient pas à la même espèce. Le fruit de la passiflore est quant à lui, tout à fait médiocre au goût, à peine consommable. Oubliez.

Elle contient entre-autre des alcaloïdes comme la cocaïne, la morphine, la nicotine, la strychnine, mais à très faibles doses, des flavonoïdes principalement concentrés dans ses feuilles, des dérivés phénoliques… 

Elle est entrée dans la pharmacopée française en 1937, traditionnellement prescrite pour son action sédative dans les états anxieux, les troubles légers du sommeil, les palpitations. 

Rares sont ses effets indésirables : des troubles digestifs (nausées, vomissements), parfois des réactions allergiques. En raison de son effet neuro-sédatif, elle peut être responsable d’une baisse de la vigilance et se révéler dangereuse pour les conducteurs de véhicules ou de machines-outils, mais loin tout de même des Bzd. 

Les contre-indications vous les connaissez : - L’enfant de moins de 12 ans, - La femme enceinte (elle peut provoquer des contractions utérines chez l’animal) et allaitante (certains de ses principes actifs, les alcaloïdes, sont susceptibles de passer dans le lait). 

On recourt principalement à ses feuilles séchées pour préparer une infusion (1 cuiller à café, 10 minutes dans 150 ml d’eau bouillante, 1 à 3 prises par jour). On peut l’utiliser sous forme de TM alcoolique (30 gouttes dans un peu d’eau, 2-3 fois par jour), d’extraits liquides ou fluides (EPS) dont on prend 1 cuiller à café, 1 à 2 fois par jour, ou d’extraits secs, conditionnés en gélules de 200-300 mg, posologie 2-3 par jour.

L’utilisation de la passiflore repose essentiellement sur un usage traditionnel, on dispose de peu d’études cliniques. L’agence européenne du médicament considère son efficacité comme établie contre les symptômes modérés du stress et les troubles légers du sommeil. L’OMS lui octroie un petit plus, évoquant son efficacité contre les troubles gastro-intestinaux liés à l’anxiété et mentionnant son intérêt dans le traitement des règles douloureuses et des névralgies. 

La passiflore représente une excellente porte d’entrée à l’utilisation des plantes. Elle est souvent suffisante contre les troubles nerveux mineurs et peut ainsi éviter de mettre le doigt dans l’engrenage des psychotropes, trop puissants ici et souvent difficiles ensuite à stopper. Alors pourquoi ne pas commencer par elle ? « Elle le vaut bien » pour plagier la pub célèbre de l’Oréal.

https://youtu.be/W-WYBfnTiqQ

Docteur Serge Rafal

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