Le profil inquiétant du terroriste de Jérusalem

Israël.

Le profil inquiétant du terroriste de Jérusalem
(Crédit: DR)

L'attentat d'hier (dimanche) en vieille ville de Jérusalem était le second en l'espace de cinq jours. Et c'était le premier à faire une victime depuis 2018, un Israélien de 26 ans, Eliahu David Kay, jeune immigrant d'Afrique du Sud. Mais surtout, il se distingue des attaques précédentes par la personnalité de son auteur, abattu par deux policières. Fadi Abou Shredem, âgé de 42 ans, était marié et père de famille. Mais il était aussi un responsable local du Hamas du camp de Shuafat, dans le nord de la capitale israélienne, et de surcroit un enseignant. Il donnait des cours d'islam et d'arabe dans collège municipal de Jérusalem-est et enseignait aussi dans les mosquées du Mt du Temple. Un profil inhabituel par rapport aux terroristes qui commettent des attentats à Jérusalem ou à des barrages de police ou de l'armée en Judée Samarie. Le ministre israélien de la Sureté Omer Bar Lev l'a d'ailleurs présenté comme un membre de la branche politique du Hamas. Un activiste, connu des services de sécurité pour son radicalisme, mais qui n'était jamais passé à l'action violente.

Depuis la fin de la Seconde intifada il y a une quinzaine d'années, l'essentiel des attentats palestiniens a été le fait de terroristes isolés dont le passage à l'acte était motivé par l'incitation à la haine sur les réseaux sociaux ou par des problèmes personnels ou familiaux, et pour qui une attaque dont ils avaient peu de chances de sortir vivants, était perçue comme une forme de suicide, qui leur rendrait leur prestige moral vis-à-vis de la société ou de leur famille. Clairement, l'auteur de l'attentat de dimanche matin n'entre dans aucune de ces catégories. Non seulement le terroriste a pu se procurer une arme à feu, un pistolet mitrailleur Carlo, facile à obtenir mais qui implique nécessairement une complicité, mais de plus il a programmé son acte, puisque sa femme et plusieurs de ses enfants sont partis en Turquie trois jours avant l'attaque.

Et quelques heures plus tard, le terroriste avait déjà fait un émule. Dans une rue de Jaffa, un jeune Palestinien de Djénine, tentait de poignarder un couple de promeneurs, faisant un blessé avant d'être arrêté.

Jusqu'à quel point le Hamas est-il impliqué dans l'attentat de Jérusalem, c'est ce que les services de sécurité israéliens vont devoir établir. Mais il est clair, que même sans revendication formelle, le mouvement islamiste palestinien obtient avec ce nouvel attentat une preuve supplémentaire de sa montée en influence à Jérusalem. Le Hamas a d'ailleurs salué un de ses membres "qui a consacré sa vie et ses prêches pour la lutte contre l'occupation" selon les termes du communiqué de l'organisation terroriste. Depuis le printemps dernier, le Hamas gagne aussi en puissance dans les territoires autonomes de Judée Samarie. Après l'annulation des élections par Mahmoud Abbas et l'opération Gardien des Murailles, l'organisation islamiste défie de plus en plus ouvertement le chef de l'Autorité Palestinienne, qui tente de reprendre le contrôle de plusieurs zones de Cisjordanie, comme le camp de Djénine, où le Hamas est totalement sorti de la clandestinité de ces dernières années. Et si Mahmud Abbas continue à perdre du terrain face à l'organisation islamiste, c'est aussi inquiétant pour Israël.

Pascale Zonszain

pzoom221121

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