Israël a un savoir-faire en matière de transfert de technologie dont la France pourrait s’inspirer. Vous n’avez pas une université israélienne de renom qui n’a pas un centre de transfert technologique pour aider les chercheurs à valoriser leurs technologies et leur savoir-faire ».
« Les transferts de technologies (du militaire vers le civil) ont particulièrement dynamisé l’économie israélienne et ont aidé à hisser Israël à la place de premier plan qu’elle occupe désormais que ce soit dans le secteur des télécommunications (Gilat Satellites, EGI Telecom, Tadiran, LocatioNet), de la sécurité (Check Point, RadGuard, Tarzana), du spatial (IAI, Elop, Elbit) mais également dans le domaine médical ».
Dr Daniel Rouach : « Dans un contexte international, et face à des marchés domestiques souvent saturés, les entreprises s’intéressent fortement au transfert de technologie et de savoir-faire qui présente de nombreux avantages commerciaux, de gestion, techniques mais aussi financiers et qui constitue un mode d’internationalisation et de diversification flexible et adapté aux exigences stratégiques de l’entreprise exportatrice et innovatrice.
Les managers français et européens découvrent les » charmes cachés » du transfert de technologie qui peut servir de » booster » et d’accélérateur du développement des activités.
Un transfert peut jouer de manière décisive dans la rentabilité d’une opération internationale et lors du renouvellement de contrats avec des partenaires.
Bien maîtrisé, le transfert de connaissances et de compétences peut être une source d’avantage concurrentiel majeur pour les firmes ».
Selon (1) : « De par sa situation conflictuelle permanente l’armée de défense israélienne a besoin d’être performante au niveau technologique et de bénéficier donc d’une forte innovation.
Par ailleurs, si l’armée de défense israélienne requiert une forte innovation, elle agit aussi de manière à stimuler celle-ci, par des effets de transfert de technologie ces innovations militaires stimulent l’économie du pays et participent au rayonnement international du pays.
Comme l’armée de défense israélienne doit disposer d’une puissance technologique, elle va faire en sorte d’être un catalyseur de l’innovation.
En Israël le service militaire est obligatoire, chaque citoyen doit servir entre 2 et 3 ans selon son sexe. Toutefois, avant de le commencer les individus sont soumis à des tests pour permettre d’établir un classement et de repérer les meilleurs éléments à qui l’armée va proposer des formations de haut niveau.
L’expérience militaire étant particulièrement valorisée dans la société israélienne le but est de rendre ces futurs soldats à même d’intégrer les universités les plus prestigieuses avec un réel potentiel d’innovation. L’exemple le plus poussé est surement le cas du Mamram.
Il s’agit d’une unité militaire spécialisée dans l’informatique et plus particulièrement les technologies de l’information. Une formation très poussée y est dispensée, ce qui fait que de nombreux leaders de l’industrie israélienne proviennent du Mamram.
De plus Tsahal à travers ses différentes unités développe un réseau auquel chaque personne qui est passée par le service militaire peut faire appel, notamment dans la création de start-up. Ainsi, toutes ces unités de formation à haute technologie au sein de l’armée permettent de créer à la fois des profils favorables à l’innovation, à la création de start-up et en même temps d’entretenir un réseau performant avec pour même objectif l’innovation.
Le plus souvent, ces jeunes israéliens en service militaire sont encouragés à combiner celui-ci avec des études en science à travers les programmes que l’armée dispense.
Dans le même temps ces soldats au cours du service militaire se verront attribuer des postes à responsabilité. La recette que Tsahal essaye de mettre en œuvre n’est pas neutre puisqu’elle vise bien à former, forger ces individus de telle sorte qu’une fois leur service militaire terminé ils soient utiles à Israël.
Ce qui en général marche bien puisqu’en plus d’une formation de pointe, ils en sortent généralement moins averses à la prise de risque, avec une expérience professionnelle et technique et avec un carnet d’adresse assez étendu.
Ainsi, beaucoup d’israéliens, sortant de Tsahal, ont un projet de start-up en lien avec une technologie avec laquelle ils ont été confronté durant leur passage dans l’armée et le plus souvent l’armée permet ce transfert du militaire vers le civil.
LE PLUS. Deux exemples frappant du transfert de technologie opéré du militaire vers le domaine médical. Deux exemples qui partent tous les deux de technologies provenant des missiles développés par Tsahal. Le premier exemple a été commercialisé en 2001 sous le nom de « PillCam » et c’est Gavriel Iddan un ingénieur d’électro-optique de Rafael qui en est à l’origine.
Le produit a d’ailleurs été développé au sein de RDC et permet notamment de diagnostiquer des cancers de l’intestin. En 2021 la PillCam avait été utilisée depuis son lancement dans près de 75 pays différents.
De la même manière Galil Medical s’est également développé à partir d’une technologie de missile israélien, celle de leur système de refroidissement. Cette technologie a alors été habilement transférée dans le domaine médical et permet de geler les cellules des cancers. Les exemples sont ainsi nombreux de produits, procédés innovants découlant de technologies militaires et qui stimulent par-là l’économie du pays.
En conclusion nous avons de part et d’autre de la société Israélienne des possibilités de transferts technologiques qui nourrissent la performance innovatrice du pays. Les structures militaires en raison du climat hostile dans lequel se situe Israël sont obligées d’innover pour pouvoir se différencier en matière d’armement militaire et en sécurité.
Elles vont par ailleurs permettre le transfert de ces technologies (en partie) vers le civil stimulant la création d’entreprise, start-up dynamique. De l’autre côté le système universitaire travaille de façon assez étroite avec le privé à la manière d’un cluster tout ceci ayant pour objectif de trouver une application commerciale qui soit exportable à chaque recherche mise en œuvre. Ces transferts de technologies qui existent permettent alors d’engranger un cercle vertueux de l’innovation où celle-ci vient également renforcer le processus d’innovation.
Daniel Rouach
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