L'allié d'Israël au Maghreb

Israël.

L'allié d'Israël au Maghreb
(Crédit: ministère de la Défense)

La normalisation entre Israël et le Maroc a franchi un degré supplémentaire cette semaine avec le voyage à Rabat de Benny Gantz, la première visite publique d'un ministre israélien de la Défense dans le royaume chérifien. Plus encore qu'avec les autres pays signataires des accords d'Abraham, le rapprochement affiché entre Israël et le Maroc marque un changement en profondeur. Les relations entre les deux pays sont anciennes, même si elles sont restées secrètes durant des longues années, avant la parenthèse des années 90, refermée avec le déclenchement de la seconde intifada.

Les deux pays ont des intérêts communs et ont déjà par le passé eu l'occasion de coopérer et de partager des informations dans le domaine sécuritaire.  On passera sur l'affaire Pegasus, ce logiciel espion vendu au Maroc par la société israélienne NSO et qui a été à l'origine cet été d'une crise inédite entre Israël et la France. Et si le Maroc a jugé utile de médiatiser précisément l'aspect militaire de son rapprochement avec Israël, c'est que sa situation actuelle en justifie l'intérêt. En acceptant de reprendre ses relations avec Jérusalem, le Maroc avait obtenu la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental par les Etats-Unis. Et même si cette reconnaissance était le fait de l'administration Trump, elle n'a pas été remise en question par l'administration Biden. En revanche, la question du Sahara a été la principale cause de la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat en août dernier. L'Algérie est soutenue par la Russie, qui a commencé à fournir à son armée des armements sophistiqués. Et l'Algérie entretient également d'excellentes relations avec l'Iran et le Hezbollah.   De plus le Front Polisario, qui revendique l'indépendance du Sahara occidental, est lui aussi largement soutenu et financé par l'Iran, dont on n'a pas besoin de rappeler la menace qu'il représente aussi pour Israël. Les services de renseignements israéliens ont d'ailleurs commencé depuis quelque temps à s'intéresser à la situation du Sahara occidental et des groupes de travail conjoints, israélo-marocains ont même entrepris de travailler ensemble. Ce qui va permettre à Israël de mieux comprendre les besoins sécuritaires du Maroc. La radio publique israélienne Kan a d'ailleurs évoqué hier l'intérêt manifesté par les responsables de la défense marocaine pour la commande à l'industrie de défense israélienne de drones, de systèmes de défense antimissile et même d'une modernisation de ses avions de combat. Un marché qui pourrait porter sur des centaines de millions d'euros.

Mais l'intérêt pour Israël de ce rapprochement avec le Maroc n'est pas seulement de trouver un nouveau débouché commercial pour son industrie de défense. Les deux pays souhaitent aussi préserver et renforcer leur proximité stratégique avec les Etats-Unis, alors que le ministre marocain des Affaires étrangères était reçu au début de la semaine à Washington par son homologue américain. Et dans le contexte compliqué qui se dessine avec la reprise des négociations des grandes puissances avec l'Iran sur son programme nucléaire militaire, il est plus que jamais important pour Israël d'avoir aussi un allié au Maghreb.

Pascale Zonszain

pzoom261121-1

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

Inscrivez vous à la newsletter
La météo locale
L'allié d'Israël au Maghreb