L'option militaire israélienne dans la balance des négociations sur le nucléaire iranien

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L'option militaire israélienne dans la balance des négociations sur le nucléaire iranien
(Crédit: Tsahal)

En Israël, on aurait bien aimé entendre les Etats-Unis formuler une menace claire contre l'Iran, au moins comme outil de négociation. Mais le président Biden ne tient pas vraiment à s'engager dans une aventure militaire, même hypothétique, alors qu'il retire ses troupes d'Irak et surtout après le fiasco de l'Afghanistan. Pourtant, rien n'empêcherait le chef de la Maison Blanche d'agiter la menace d'une attaque de missiles balistiques depuis les Etats-Unis ou de tout autre point de lancement extérieur, sans envoyer un seul soldat sur le sol iranien. Mais les dirigeants israéliens savent que ce genre de scénario est hautement improbable.

Alors, pour peser sur les pourparlers de Vienne, il ne reste que la voie diplomatique, les déclarations publiques et la préparation d'une option militaire. C'est en fait une combinaison des trois à laquelle on assiste en ce moment, avec les appels à la fermeté lancés par Naftali Bennett et Yaïr Lapid aux dirigeants occidentaux engagés dans la négociation avec l'Iran, mais aussi les déclarations destinées au public israélien, mais évidemment relayées à l'extérieur, celles du porte-parole de Tsahal. Le général Ran Kochav a en effet confirmé que Tsahal avait accéléré ses plans opérationnels pour empêcher l'Iran d'atteindre la capacité nucléaire. L'officier israélien n'a pas fourni de détails, mais assuré que cette accélération était tout à fait concrète.

Le mois dernier, le budget de la Défense, voté par la Knesset dans le cadre de la Loi de Finances, a obtenu une rallonge de près de 20 milliards d'euros, dont la majeure partie sera consacrée à la guerre du 3ème cercle, ce qui signifie en langage clair, les opérations contre l'Iran. Cela implique de développer le potentiel offensif, notamment en termes de missiles, mais aussi d'aviation. La chasse de Tsahal a repris ses entrainements sur des vols longue distance et peut aujourd'hui compter sur le survol des Emirats, ce qui pourra lui faciliter le cas échéant, l'accès vers l'Iran. La préparation à une action militaire nécessite aussi de renforcer les ressources en renseignements et surveillance, notamment technologiques. C'est le département stratégique de Tsahal, commandée par le général Tal Kelman et son unité dédiée au 3ème cercle, qui a pour mission de préparer des plans sur tous les aspects, y compris les implications stratégiques régionales et globales ,mais aussi les entrainements nécessaires pour les unités qui seront concernées.

Pour l'instant, le programme opérationnel d'Israël, si l'on en croit les éléments qui fuitent vers la presse étrangère, continue à fonctionner sur trois axes : les cyberattaques contre des cibles militaires ou civiles de l'Iran, des actions de sabotage visant spécifiquement son programme nucléaire et évidemment les frappes aériennes en Syrie, pour freiner l'enracinement iranien et empêcher l'acheminement d'armes et maintenant aussi de batteries de défense antimissiles vers le Hezbollah au Liban.

On l'aura compris, la préparation d'une option militaire contre l'Iran ne s'improvise pas. Le travail théorique a déjà commencé et la finalisation peut se compter en années. Mais la crédibilité d'une action militaire d'Israël n'est pas remise en question, ni par ses alliés, ni par ses ennemis. Et c'est l'objectif de la campagne de communication israélienne, destinée en priorité aux négociateurs de Vienne.

Pascale Zonszain

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