Nul doute que l’attentat du 13 novembre est le pire massacre qu'ait connu la France sur son sol depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est un peu le 11 septembre français, il y a eu un avant et un après dans menace terroriste islamiste, et en effet on peut la faire remonter à la fin des années 70.
Les chiffres de la Fondapol Think tank français dirigé par le politologue Dominique Reynié sont édifiants :si dans le monde, la majorité des attentats islamistes touchent en premier lieu les pays musulmans (90%), en Europe, la France est de loin le pays le plus attaqué avec 49% des victimes "depuis l’internationalisation de la cause islamiste" de 1979 à mai 2021.
Avec 82 attentats islamistes commis sur son sol pour la période, la France compte au moins 330 morts du terrorisme islamiste.
À la suite d’une nuit d’attentats au stade de France, aux restaurants, bars et brasseries du Petit Cambodge, du Carillon, de la Bonne Bière, du Casa Nostra et au Bataclan, 131 personnes au total décéderont. À ces morts s’ajoute également celle de Guillaume Valette, rescapé du Bataclan, victime d’un grand stress post-traumatique et qui mit fin à ses jours deux ans plus tard. Cette souffrance psychologique qui fait encore souffrir aujourd’hui les survivants .
La deuxième attaque la plus meurtrière de l’histoire est celle du 14 juillet 2016 à Nice, lorsqu'un terroriste tunisien résident en France, faucha, en l'espace de deux minutes, des dizaines de personnes parmi les 30 000 réunies pour le feu d'artifice et fit 87 morts.
La tuerie de Charlie Hebdo est la troisième la plus meurtrière, avec 12 morts. le meurtre de la policière Clarissa Jean-Philippe, puis la terrible prise d’otages du magasin Hyper Casher. Al Qaida et Daesh derrière tout cela
Avant le Bataclan, d’autres noms de sites de Paris sont entrés dans l’histoire sanglante de notre pays. D’abord l’attentat de la synagogue Copernic. Attentat à la bombe perpétré le 3 octobre soir de chabbat et de Simha thora contre la synagogue libérale. 4 morts plus de 10 blessées et sans doute le premier attentat contre les juifs de France depuis la fin de la guerre.
Il y a ensuite, en 1982, l’attentat antisémite de la rue des Rosiers, organisé par un groupe terroriste palestinien (dont on espère en effet toujours un procès). Puis l’attentat de la rue de Rennes du 17 septembre 1986, attribué au Hezbollah. Et enfin, celui du RER B à Saint-Michel, le 25 juillet 1995.
Dans la vague d’attentats qui va toucher Paris en septembre 1986, derrière différentes organisations terroristes, les enquêtes démontrent l'implication du Hezbollah après l’arrivée au pouvoir de l’Ayatollah Khomeiny.
Les attentats de 1995 sont officiellement attribués au Groupe islamique armé (GIA), bien que d’autres hypothèses courent. "C'est la guerre civile algérienne qui importe le terrorisme islamique sur le sol français".
Ces terroristes utilisent encore les bombes pour terroriser Et c’est depuis 1995 que le plan Vigipirate est en vigueur - sans jamais n’avoir été entièrement suspendu depuis.
On note sur la période une évolution du mode opératoire qui laisse la place à une nouvelle forme d'attentat où le terroriste se rapproche physiquement: de l'arme à feu permettant l'assaut, à l'usage de véhicules béliers comme pour l'attentat de la promenade des Anglais, ou encore d'armes nécessitant un corps-à-corps.
Cela peut s’expliquer aussi par l'augmentation du nombre de terroristes dont les liens avec des organisations djihadistes sont moins directs, mais qui ont pu s’en revendiquer ou s’en inspirer pour commettre leur crime. Supermarché de Trèbes,le marché de noël de Strasbourg , l’attaque au couteau de la préfecture de Paris. L’objectif est toujours de maintenir un climat de terreur.
Dernier chiffre à retenir
Les deux tiers des attentats islamistes sur le territoire ont été perpétrés entre 2012 et mai 2021, aussi la menace terroriste n'a jamais été aussi importante en France.
Le procès reprend tout à l’heure avec le récit par les enquêteurs belges du parcours des frères Abdeslam, Abselam étant le seul survivant des commandos du 13 novembre.
Source : la base de données principale de la Fondapol est la Global Terrorism Database (GTD) réalisée par l’université du Maryland, aux États-Unis.
Michel Zerbib
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