C'est l'ouvrage de défense le plus important jamais construit en Israël et le seul de ce type dans le monde. Sur une longueur de 65 kilomètres, la nouvelle barrière s'étire du sud au nord de la frontière avec la Bande de Gaza, avec à l'extrémité nord, une digue qui s'avance dans la mer, dotée d'armements opérables à distance, pour compléter le dispositif. Mais c'est évidemment bien plus qu'un simple rempart. C'est une combinaison de barrière physique en surface et sous la terre, bardées de détecteurs optiques, de vibration, et d'autres systèmes de détection. D'abord, une clôture de six mètres de hauteur, doublée par un mur souterrain, dont la profondeur n'a pas été révélée pour des raisons évidentes de sécurité. Des dizaines de tours de radars et de caméras reliés à des postes de contrôle et de commandement qui reçoivent et traitent toutes les informations envoyées par tous les dispositifs de détection et qui permettent le cas échéant une intervention sur le terrain.
Le tout vise à empêcher le percement de galeries de la Bande de Gaza vers le territoire israélien et toute infiltration terroriste, en surface, souterraine ou par voie de mer. La construction de l'ouvrage avait été décidée après l'opération Bordure Protectrice, la guerre de Gaza de l'été 2014, quand le Hamas avait réussi à percer des dizaines de tunnels sous la frontière et à envoyer des commandos terroristes par la mer, sans oublier la galerie qui avait servi à l'organisation terroriste pour l'enlèvement du soldat Gilad Shalit en 2006. Le gouvernement israélien avait estimé que l'organisation islamiste palestinienne pouvait menacer les localités frontalières et qu'il fallait un dispositif plus efficace que le mur de béton existant pour protéger la population de l'ouest du Néguev. La construction entamée en 2017, avait déjà permis de détecter des tunnels percés par le Hamas sur les tronçons où le dispositif souterrain était déjà opérationnel, confirmant son efficacité.
Pour Tsahal, cette nouvelle barrière va faciliter sa mission de défense frontalière en levant une menace importante, même si aucun système ne peut jamais garantir une efficacité à 100%. Mais ce n'est évidemment qu'une partie de la capacité opérationnelle du Hamas et des autres organisations terroristes de Gaza qui est neutralisée. La barrière ne peut rien contre les tirs de roquettes, de missiles ni de ballons incendiaires ou explosifs qui font partie de l'arsenal des groupes du territoire palestinien et qui menacent régulièrement la population civile dans le sud d'Israël et au-delà. Ce qui permet de rappeler l'importance de l'autre dispositif de défense développé par la technologie israélienne, celui des batteries Dôme de Fer, opérationnelles depuis maintenant une dizaine d'années et qui ont considérablement renforcé la protection de la population.
Dans le type de conflit qui oppose Israël à des milices et organisations terroristes, que ce soit le Hamas à Gaza ou le Hezbollah au Liban, la guerre ne se déroule pas seulement sur le front, mais aussi à distance, par l'envoi de commandos terroristes ou de tirs de missiles, d'où la nécessité de penser en termes de défense de l'arrière. En cela, la nouvelle barrière de sécurité le long de la Bande de Gaza, comme celle en cours de construction sur la frontière libanaise, est une véritable performance technologique. Mais elle n'est qu'un des éléments de la sécurité d'Israël.
Pascale Zonszain
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