Bêtises de campagne, la chronique de Guy Konopnicki

France.

Bêtises de campagne, la chronique de Guy Konopnicki
(Crédit: DR)

On nous avait dit, on nous dit encore que la politique serait différente quand les femmes seraient enfin sur le devant de la scène. Elles y sont, et profèrent les mêmes âneries que les hommes. Non, il n’y a pas de jeu de mot, je pense bien à Anne, mais aussi à Valérie. Laissons Marine, pour cette fois.

On ne saurait dire qu’Anne rit, elle a plutôt toutes les raisons de pleurer.

Non je ne déteste pas Anne Hidalgo, je sais qu’en tant que maire, elle s’attache à défendre et à valoriser la mémoire juive de Paris et qu’elle est toujours présente quand il s’agit de combattre l’antisémitisme, d’où qu’il vienne, en dépit de ses encombrants alliés.

Je partage son aversion pour le racisme, je n’accepte ni la confusion entre l’islamisme meurtrier et les musulmans, ni la haine de tous ceux qui viennent du Sud de la Méditerranée.

Mais à Perpignan, elle s’est laissé aller à une comparaison hasardeuse, entre l’antisémitisme des années 30 et la situation des musulmans dans la France d’aujourd’hui.

Pour l’histoire, c’est simplement absurde. Il y a bien dans la France d’aujourd’hui des réfugiés de religion musulmane, qui ont fui des pays où ils étaient menacés de mort. Mais à la différence des juifs des années trente, ils ont pour persécuteurs des gouvernements et des organisations terroristes qui se réclament de la même religion. Oui, des musulmans venus d’Afghanistan, de Syrie, du Kurdistan, et des régions d’Afrique où sévissent les terroristes islamistes, demandent et n’obtiennent pas toujours la protection de la France. Les campagnes de haine qui les amalgament à leurs bourreaux sont répugnantes. Mais fort heureusement, les lois Pleven et Gayssot, que les socialistes ont voté, ne permettent pas à ce racisme de s’exprimer avec la virulence meurtrière de l’antisémitisme des années 30.

Dans les années 30, chère Madame Hidalgo, l’Action Française n’avait de cesse de dénoncer le juif Mandel et le juif Blum, Léon Blum, ce nom vous parle encore, j’espère, ce grand socialiste, ce juif que Charles Maurras appelait à fusiller dans le dos. Il paraît qu’il y a un juif maurrassien c’est grotesque, mais pour ignobles que soient ses propos, la comparaison introduit une confusion inacceptable.

Dans les années 30, l’Action Française manifestait aux cris de Mort aux juifs. Un jour, Léon Blum, qui marchait tranquillement sur le Boulevard Saint-Germain, fut agressé par les Camelots du roi, qui vociféraient leur haine du juif. Des ouvriers d’un chantier voisin cessèrent le travail pour voler au secours du dirigeant socialiste. C’était cela, la France des années 30. L’appel au meurtre des juifs, et il fut suivi du passage à l’acte, sous le régime de Vichy.

Chère Anne Hidalgo, dans la France des années 30, contre l’antisémitisme, j’aurais voté socialiste sans hésiter. Pour Léon Blum. Pour Marx Dormoy. Pour Léo Lagrange qui boycotta les Jeux Olympique de Berlin. Pour Jean Longuet, lui, aussi bête noire de l’Action Française, qui lui reprochait son grand-père juif allemand, Karl Marx, et dénonçait son action en faveur des réfugiés allemands.

Dans la France d’aujourd’hui, les étrangers, musulmans ou non, les gens de couleur, sont bien l’objet de campagne de haine, et dans cette France, on crie toujours mort aux juifs, mais dans une autre langue. Il a eu des passages à l’acte, politiques ou crapuleux, des juifs ont été assassinés parce que juifs. On ne peut combattre le racisme en exonérant ceux qui se réclament de ses victimes pour justifier l’antisémitisme et la haine de la France. Anne Hidalgo le sait bien, mais elle est en campagne. 

C’est terrible une campagne ! Je n’ai aucune animosité à l’encontre de Valérie Pécresse, il me semblerait même salutaire qu’elle se qualifie pour le second tour. Mais voici qu’elle nous dit ce qu’est être français ! Être français, c’est avoir un sapin de Noël. Ah bon ? Les Allemands en ont aussi. Bien sûr, les lumières, les sapins décorés plantés dans les rues, ne relèvent plus de la religion, les fêtes de fin d’années sont de belles traditions. Mais je n’ai pas de sapin de Noël, je suis Français quand j’allume les bougies de Hanoukka, fête beaucoup plus laïque que Noël, quoi de plus français que de célébrer la lutte d’un peuple pour la liberté !

Être Français, c’est manger de la dinde et du foie gras, nous dit encore Valérie Pécresse. Ah ! La dinde, comme son nom l’indique, a été découverte avec l’Amérique que Christophe Colomb prenait pour les Indes. Le foie gras, vient d’Égypte, il est arrivé en Hongrie et en Alsace avec les juifs, et il s’est réfugié dans le Sud-Ouest, avec les Alsaciens quand le Prussien était dans nos vallées… Bien sûr, Valérie Pécresse a raison de répondre aux rabat-joie de l’écologie, qui prétendent sauver la planète en remplaçant le sapin par un cône de verre, et en supprimant le foie gras de leurs réceptions municipales pour récupérer les voix animalisâtes. Je serai même le premier à applaudir, si elle ose faire campagne en manteau de vison.

Il y a en France un art de vivre et, bien sûr, un merveilleux savoir-faire culinaire, qui est l’art de mélanger des saveurs venues d’Orient et d’Amérique. 

Mais enfin, être Français, c’est tout de même autre chose. Ce n’est pas une affaire de tradition culinaire, moins encore de rite ou de religion. 

Il reste encore plus de cent jours de campagne électorale. Il serait temps de parler de politique, de projets, et de sortir de ce nombrilisme identitaire !

Guy Konopnicki

chronique-konopniki-ok-diff-et-podcast-1

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

Inscrivez vous à la newsletter
La météo locale
Bêtises de campagne, la chronique de Guy Konopnicki