Du bon usage des médicaments chez les personnes âgées, la chronique de Serge Rafal

France.

Du bon usage des médicaments chez les personnes âgées, la chronique de Serge Rafal
(Crédit: DR)

Les Français sont globalement très attachés à la prescription de médicaments, si bien que peu de consultations se terminent sans ce rituel quasi obligé, la rédaction d’une ordonnance. Un patient volontiers âgé, se sent lésé s’il quitte le cabinet médical sans la prise de sa tension artérielle, pourtant souvent augmentée en raison de l’effet blouse blanche, et sa précieuse prescription. Plusieurs enquêtes concordantes nous expliquent que les plus de 65 ans consomment en moyenne entre 7 et 14 médicaments quotidiennement, soit 3 fois plus que les sujets jeunes. 

Cette surconsommation est déjà dangereuse en soi puisqu’elle expose au risque d’effets indésirables, qui peuvent en outre se potentialiser, d’autant qu’il s’agit couramment dans cette tranche d’âge de médicaments efficaces et puissants (psychotropes, antiHTA, antiDb). Elle est aggravée par la généralisation des génériques, aux noms chimiques compliqués, impossibles à retenir, même parfois pour nous, et qui ajoutent leur part de confusion et donc de risques. Ils permettent certes de réduire les dépenses de l’Assurance-maladie mais ils ont indiscutablement introduit un trouble et des difficultés pour les patients et un danger sur les ordonnances.

En raison des déserts médicaux, les malades doivent à l’occasion faire appel à des services d’urgence et donc à un médecin qui ne les connaît pas parfaitement. Et ils peuvent alors tout à fait oublier de lui signaler un médicament dont ils n’ont pas retenu le nom et qui risque alors de figurer sur 2 ordonnances différentes. Rajoutons que les patients se tournent de + en + fréquemment vers l’automédication, généralement de vitamines, d’oligo-éléments ou de produits doux et naturels, mais aussi quelquefois de compléments alimentaires plus dosés qui peuvent interférer entre eux et avec leurs traitements. Au total, de nombreuses hospitalisations et malheureusement des décès sont liés chaque année à cette iatrogénie médicamenteuse. 

Il y a des facteurs de risque. - Le contexte pathologique et la situation personnelle du malade : son âge, sa capacité à prendre correctement son traitement, la posologie, les précautions d’emploi… ; - Le nombre et les interactions des médicaments entre eux, d’autant que ça n’est pas la même chose d’en prendre 7 ou 14 ; - Et bien sûr les associations involontaires ou passées sous silence, nous l’avons dit.

Il faut donc régulièrement faire le point avec son médecin, afin de : - Vérifier que tous les médicaments et leur posologie correspondent à l’état de santé du moment ; - D’écarter ceux qui ne sont plus utiles et qui peuvent même devenir inappropriés ou dangereux ; - De s’assurer que certains n’ont pas été stoppés de façon aléatoire à cause du trop-plein et d’un certain ras-le-bol mental ; - De lister les produits que le malade a pu ajouter de sa propre initiative, sur les conseils d’un ami ou en allant se promener sur Internet !

Les médicaments sauvent des vies tous les jours mais attention aux mélanges et en particulier aux cocktails qui constituent un véritable danger. Nous devons nous médecins absolument alléger les ordonnances et de ne prescrire que les médicaments véritablement indispensables. Et vous auditeurs ou patients devez de votre côté suivre consciencieusement votre traitement et nous signaler tout ce que vous prenez, vraiment tout, même si vous avez le sentiment qu’il s’agit juste d’un « petit » complément qui ne peut que vous faire du bien. Alors aucun médicament superflu et pas de cachotteries entre nous.

https://youtu.be/FK-lXReKc2Y

Serge Rafal

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