Des experts examineront les méthodes utilisées pour déterminer la provenance des œuvres d'une vaste collection d'art privée acquise pendant la Seconde Guerre mondiale par Emil Buhrle, a annoncé ce mercredi un musée suisse. L'annonce du Kunsthaus de Zurich est intervenue alors que des soupçons renouvelés tourbillonnent autour des origines à l'époque nazie de l'une des collections d'art privées les plus prestigieuses d'Europe.
Le regretté industriel (1890-1956) a amassé une fortune en vendant des armes aux nazis et aux Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, richesse qui a permis d'acheter environ 600 œuvres d'art à la fin de sa vie. La Fondation Buhrle elle-même confirme que 13 tableaux achetés par l'industriel d'origine allemande, qui a ensuite acquis la nationalité suisse, avaient été volés par les nazis à des propriétaires juifs en France. À la suite d'une série de procès après la guerre, Buhrle a rendu les 13 pièces à leurs propriétaires légitimes, puis en a racheté neuf, a indiqué la fondation. Mais les soupçons de longue date concernant la provenance d'autres pièces de la collection, qui comprennent des œuvres célèbres de Manet, Degas, Cézanne, Monet, Renoir, Gauguin et Picasso, se sont intensifiés ces dernières années.
La collection a longtemps été exposée dans un musée privé discret à la périphérie de Zurich, mais il a été déterminé qu'elle devrait être déplacée à la suite d'un vol spectaculaire en 2008 de quatre chefs-d'œuvre du XIXe siècle. Il a été décidé de déplacer la collection au Kunsthaus, l'un des principaux musées de Suisse, qui a ouvert en octobre dernier une nouvelle aile pour abriter définitivement les œuvres, déclenchant un nouveau débat. Un livre récent de l'historien Erich Keller intitulé "Das kontaminerte Museum", ou Le musée contaminé, soulève des questions autour de la provenance des œuvres et critique un manque de contextualisation.
Gabriel Attal
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