Comment le président Donald Trump a-t-il pu affirmer à la fois, que Jérusalem resterait la capitale indivisible de l'Etat d'Israël et que les Etats-Unis ouvriraient leur ambassade dans le futur Etat palestinien… à Jérusalem ?
C'est que le plan "La paix pour la prospérité", élaboré par son administration, reprend la carte de Jérusalem et y compare ses limites municipales et le contour de la barrière de sécurité. Lors de la deuxième intifada, au début des années 2000, le gouvernement israélien avait décidé d'édifier un mur de béton, qui pourrait freiner le passage des terroristes suicide qui venaient de Cisjordanie pour se faire exploser avec leur bombe dans la capitale.
Mais Jérusalem, on le sait, n'est pas urbanisée sur la totalité de sa surface. Après la guerre des Six Jours, Israël n'a pas seulement conquis la vieille ville et les quartiers arabes adjacents. Il a étendu les limites municipales de Jérusalem jusqu'aux faubourgs de Ramallah au nord, et jusqu'à Bethléem au sud.
Et dans la partie nord, se trouvaient plusieurs villages et camps palestiniens, qui n'avaient jamais fait partie de la ville. Quand il a fallu établir le tracé du mur de sécurité, car à Jérusalem, il s'agit bien d'un mur et non d'une barrière, il a été édifié en plusieurs endroits à l'intérieur de la ville, en laissant de l'autre côté plusieurs de ces villages arabes. C'est le cas notamment d'Abu Dis, Kfar Akab et du camp de Shuafat. Et c'est cette zone que le plan Trump propose de céder aux Palestiniens, qui pourraient alors en faire leur Jérusalem et y établir leur capitale politique.
Quant aux habitants arabes vivant à l'intérieur des limites municipales et de la barrière, ils auraient le choix entre demander la citoyenneté palestinienne, la citoyenneté israélienne ou conserver leur statut de résident israélien permanent. Selon les accords d'Oslo, les résidents arabes de Jérusalem ont déjà le droit de participer aux échéances électorales de l'Autorité Palestinienne, qui doit en demander l'autorisation à Israël. C'est leur seul lien avec l'entité politique palestinienne.
Ce n'est pas la première fois qu'Abu Dis est évoquée comme une formule de compromis qui permettrait à l'entité palestinienne de prendre pied à Jérusalem, sans pour autant s'approcher des autres quartiers arabes de la ville. Elle a évidemment toujours été rejetée par les Palestiniens, qui exigent de reprendre toute la partie orientale de la ville qui était occupée par la Jordanie jusqu'en 67, et bien sûr d'obtenir la souveraineté sur le Mt du Temple.
Jérusalem compte parmi les enjeux les plus complexes du règlement du conflit israélo-palestinien, d'autant qu'il comporte aussi l'aspect religieux et les revendications sur les lieux saints musulmans. Il faut rappeler à ce propos que la Jordanie dispose d'un statut spécial sur le Mt du Temple, en vertu du traité de paix signé avec Israël en 1994, même si la souveraineté y reste celle d'Israël.
Dans l'éventualité, assez peu probable, où les Palestiniens prendraient en considération la formule proposée par les Etats-Unis, ils escomptent que les pays arabes appuieront au moins leurs revendications sur l'Esplanade du Mt du Temple. Ce qu'Israël n'acceptera pas.
Pascale Zonzsain
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.