Israël veut développer la région du Golan. Le plateau qui surplombe le lac de Tibériade avait été conquis en 1967 sur la Syrie, qui l'utilisait depuis les années 50 comme base avancée pour bombarder les villages et les kibboutz de la vallée, parvenant même à prendre le contrôle de la rive orientale du lac. Et c'est en décembre 1981 que le Plateau avait été définitivement annexé. La zone stratégique couvre une surface d'environ 1.200 kilomètres carrés. Elle est dominée par le Mt Hermon au nord, longe la frontière syrienne et descend jusqu'à la Jordanie sur son point le plus au sud.
Le peuplement du Golan a débuté dès les premiers mois qui ont suivi la guerre des Six Jours. Merom Golan, le plus ancien kibboutz du Plateau a été fondé dès juillet 1967. Depuis 1967, 33 localités israéliennes ont été créées, dont la ville de Katzrin en 1976. Aujourd'hui, le Golan compte une population de 53.000 habitants, dont 27.000 Juifs, 24.000 Druzes et environ 2.000 Alaouites. Contrairement aux Druzes du nord d'Israël, ceux du Golan ont choisi dans une immense majorité, de ne pas prendre la citoyenneté israélienne.
Même après l'annexion formelle du Plateau, le Golan avait continué à faire l'objet de négociations avec la Syrie, par l'intermédiaire des Etats-Unis. Si ces pourparlers n'ont jamais abouti à un accord de paix, ils ont définitivement cessé depuis l'éruption il y a dix ans, du conflit civil syrien contre le régime alaouite d'Assad. Et c'est d'ailleurs la guerre civile en Syrie, qui a renforcé en Israël la perception du Plateau du Golan comme une position stratégique vitale pour la sécurité du pays. En 2019, le président américain Donald Trump reconnaissait la souveraineté israélienne sur le Golan, faisant des Etats-Unis le seul pays à ce jour à reconnaitre l'annexion israélienne, qui d'ailleurs n'a pas été remise en cause par l'administration Biden.
C'est dans ce contexte que le gouvernement Bennett a donc voté le plan de développement du Golan, qui doit permettre de doubler la population actuelle du Plateau dans les cinq ans à venir. Un budget total de plus de 300 millions d'euros doit encadrer l'agrandissement de la ville de Katzrin, et aussi la création de deux nouvelles localités. Ce qui inclut bien sûr la construction de logements mais aussi des infrastructures nécessaires pour les transports, les communications, l'éducation, la santé publique et la création d'emplois. Il s'agit de désenclaver le Plateau du Golan en le reliant au centre du pays, et de développer la région en mettant l'accent sur la technologie, l'agriculture, le tourisme et le développement durable. Ce qui permettrait aussi d'attirer une population plus jeune, même du secteur tertiaire, recherchant une qualité de vie qui n'existe pas dans le centre d'Israël, tout en profitant de la technologie du télétravail.
Et le développement du Golan n'a pas suscité de polémique au sein du gouvernement. La ministre travailliste Merav Mihaëli a affirmé que le temps était venu de reconnaitre qu'Israël c'est aussi le Golan. Et sa collègue de Meretz Tamar Zandberg a reconnu que la décision était "complexe", mais que son parti soutenait le plan du gouvernement de coalition.
Pascale Zonszain
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