L’année civile se termine par une nouvelle vague de ce foutu virus dont nous espérions, il y a un an, qu’il disparaisse avec le printemps.
Nous avons pris des habitudes, dans notre vie quotidienne, nous accomplissons des gestes que nous n’imaginions même pas, il y a deux ans.
Le COVID occupe le centre de la vie publique, position qu’il se refuse à quitter. En regardant les chaînes d’information continue, c’est tout juste si nous savons qu’une situation de guerre s’éternise à l’Est de l’Ukraine, qu’elle génère une tension aux deux extrémités du gazoduc… C’est que, nous ne sommes pas dans l’ancien monde, où l’affrontement entre les deux blocs avait fort peu de conséquence sur la vie quotidienne des Occidentaux. Les échanges économiques étaient limités, ils furent même longtemps insignifiants. Aujourd’hui, l’Europe de l’Ouest, où l’on parle à tort et à travers de la transition énergétique, peut difficilement se passer du gaz russe, mais la Russie, dont la situation financière est des plus précaire, joue avec les nerfs des Occidentaux, en sachant qu’elle court le risque d’une catastrophe économique, tant elle est dépendante des ventes en euros et en dollars de son gaz et autres matières premières.
Mais ces informations passent à toute vitesse, il y a le COVID, nous ne savons plus rien du monde, des guerres et du terrorisme, qui ravagent toujours l’Afrique, des conflits politiques au Brésil et au Venezuela, ou des conséquences incalculables de la longue guerre de Syrie et d’Irak.
Ce n’est pas le moindre des effets du COVID que cette aggravation du narcissisme politique français. L’information et le débat politique sont en France disproportionnés, il y a l’hexagone, l’Europe, considérée, au mieux comme un mal nécessaire, au pire comme la cause de tous nos maux, et le vaste monde, d’où viennent, temps à autre, des sujets d’inquiétude.
Les longs débats entre virologues amateurs, ne laissent guère de temps pour évoquer, par exemple, ces belles discussions de l’ONU, où la Chine se pose en garant des droits de l’homme, quand son représentant à New-York évoque un pays, Israël, dont la population totale représente moins de 1% de la population chinoise. La lecture des compte-rendu de débats des Nations Unies est pourtant passionnante. La Chine, encore elle, approuve une résolution sur le caractère sacré de l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, ce qui ne l’empêche nullement de fermer par dizaines celles des Ouïgours, ni de développer ses colonies de peuplement au Tibet, sans plus de considération pour les temples et les monastères bouddhistes. Pourquoi parlerait-on des positions de la Chine, quand on ne prend même pas la peine de discuter des votes de la France, démocratiquement alignés sur une majorité de dictatures, à propos de la dénomination du Mont du Temple.
Nous n’avons pas le temps, l’actualité française est si riche ! Il y a le COVID, et l’élection présidentielle, avec ses meetings qui transgresseront les règles sanitaires imposées aux théâtres et aux salles de concerts.
L’élection présidentielle promet d’être la plus navrante de l’histoire de la Vème République. Les populistes de droite et de gauche jouent une opposition systématique, un rejet de tout ce qui a été entrepris pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron, y compris ce qui constitue une réussite, le passe sanitaire, désormais vaccinal, qui a permis d’atteindre un taux de vaccination de 90% de la population adulte, réduisant ainsi les risques de développer les formes graves de la maladie. De son côté le président, persiste à désigner un adversaire de second tour, inquiet de devoir livrer une bataille incertaine contre Valérie Pécresse, après cinq ans passés à préparer le second tour de 2022 comme une répétition de celui de 2017. Si bien que l’immigration, traitée comme un sujet franco-français est le seul sujet alternatif au COVID.
Côté médias, quand les virologues amateurs quittent le plateau, c’est pour laisser la place aux pronostiqueurs politiques. On scrute les mouvements des candidats dans les sondages, comme l’on regarde à la jumelle l’ordre des chevaux sur la ligne d’en face, dans le dernier virage et au passage devant les tribunes. Les candidats de gauche étant à la faute ou à la traine, on départage déjà les favoris, de peur que la course réserve une surprise dans la dernière ligne droite.
On attendait l’histoire de France, la voici réduite aux fonctions du pédigrée dans les engagements hippiques. On se dispute les gênes du Général de Gaulle, mais on ne cache plus ses origines pétainistes, on réécrit les épisodes de l’histoire. En l’absence de descendants de Jean Jaurès, Léon Blum et Pierre Mendès-France, cela devient pitoyable.
Entre centre-droit, droite et extrême droite, la présidentielle ne trouve son relief que dans les anecdotes, parfois scandaleuses, et risque fort de devenir anecdotique.
En ces fêtes restreintes de fin d’année, la France se prépare à l’ennui.
Ce qui ne m’empêche pas vous souhaiter une bonne année, deux fois par an, ça ne fait pas de mal.
Guy Konopnicki
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