Attention à la dénutrition du sujet âgé, la chronique du docteur Serge Rafal

France.

Attention à la dénutrition du sujet âgé, la chronique du docteur Serge Rafal
(Crédit : DR)

La dénutrition de la personne âgée est un sujet qui me tient à coeur. Il s’agit d’un sujet d’une extrême importance. Près de 2 millions de personnes en souffrent, tout particulièrement 400 000 d’entre elles qui se trouvent à domicile et près de 300 000 en institution.

En vieillissant, les protéines et les acides aminés alimentaires passent moins bien dans le sang et sont donc moins bien utilisés par l’organisme. La dénutrition se définit par une perte de poids supérieure à 5% en un mois ou à 10% en six mois, un IMC inférieur à 21 (je rappelle qu’il se calcule en divisant le poids en kilogrammes par la taille au carré), une albumine sanguine abaissée. Elle est dite sévère lorsque la perte de poids est supérieure à 10% en un mois, à 15% en 6 mois, l’IMC < 18, l’albuminémie < 30 g/l.

Bien entendu, cette dénutrition a des effets délétères, elle aggrave toutes les pathologies même chez les personnes en surpoids ou obèses, responsable d’une augmentation de la morbidité (= pourcentage de malades dans une population à un moment donné) et de la mortalité. La dénutrition se fait aux dépens de la masse musculaire, pas de la graisse, elle est donc responsable d’une diminution de la force musculaire et par conséquent de l’équilibre, parfois déjà précaire chez elles.

Les interventions nutritionnelles sont bien sûr indispensables car en augmentant la masse musculaire, elles visent à réduire le risque de chutes donc de fractures, d’hospitalisations, de perte d’autonomie.

les causes de la dénutrition : la diminution du capital protéique est nette après 50 ans, liée à une réduction de leur synthèse : c’est ainsi que la masse musculaire passe de 45% du poids du corps chez le sujet jeune à 25% chez la personne âgée. Et d’autres facteurs peuvent s’ajouter : une maladie grave, la prise de médicaments qui coupent l’appétit ou entrainent des troubles digestifs, des facteurs psycho-sociaux : maladie psychiatrique, isolement social, deuil, difficultés financières, institutionnalisation pas toujours bien vécue. Toutes ces causes doivent être prises en compte, surveillées, éliminées… si possible… ce qui ne l’est pas toujours.

Bien entendu la prise en charge est essentiellement nutritionnelle et la plus précoce possible car prendre du poids et de la masse musculaire, surtout à partir d’un certain âge, est encore plus difficile que d’en perdre, c’est dire ! La perte de masse musculaire risque d’être définitive alors qu’on prend de la graisse assez facilement. Il convient d’apporter une alimentation énergétique (30 à 40 cal/kilo/jour) et protéique (1,5g/kilo/jour) principalement en augmentant la fréquence des repas et en les enrichissant avec de la poudre de lait, du lait concentré, du fromage râpé, des œufs, de la crème fraîche, du beurre, du Skyr. Et le Dr Serog que j’ai reçu récemment dans l'émission Refoua (tous les jeudis après-midi à 15h sur Radio J) pour son ouvrage : « Bien manger, bien vivre, bien vieillir », In Press nous a expliqué que les protéines devaient être de préférence concentrées au déjeuner et accompagnées de féculents dans un rapport glucides/protéines > 2,5 afin d’optimiser leur action.

En pratique, si l’on ingère les 80g de protéines, nécessaires à une personne de 70 kilos, il faut absolument les accompagner de 250 g de sucres. Vous comprenez ainsi que la composition d’un repas d’une personne âgée est fondamentalement différente de celle d’un adulte de 30 ans.

Comme leur nom l’indique, ils ne doivent intervenir qu’en complément. Ils ont comme principal inconvénient d’écoeurer rapidement, ce qui est fâcheux, d’où l’intérêt de les éviter ou les varier. 

Le surpoids et l’obésité constituent des facteur de risques dont je vous parle régulièrement. Mais au-delà de 70 ans, le problème réside au contraire dans la perte de poids et la dénutrition. Le rôle de cette dernière est sous-estimé alors qu’elle constitue un élément péjoratif, à prendre en charge précocement et activement. Comme chez l’enfant, la balance est le juge de paix qui permet de juger de l’efficacité des indispensables mesures à prendre ou déjà prises : chaque gramme de muscle gagné rajoute des semaines aux jours.  

https://youtu.be/3x0aeTZN-gA

Docteur Serge Rafal

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