Personne ne dira le contraire : il y a mieux pour se réveiller le 1er janvier que le bruit des détonations, quand ce ne sont pas celles de feux d'artifice. Les habitants de la région de Tel Aviv qui habitent à proximité de la côte, se seraient bien passés des deux explosions de samedi matin, celles de deux roquettes tirées depuis Gaza et qui ont explosé en mer, à quelques kilomètres du rivage. La trajectoire des fusées, qui ne menaçait aucune zone habitée n'a donc déclenché ni sirène, ni interception. Mais que le tir ait été ou non accidentel, cela rappelle surtout que les arsenaux du Hamas et du Jihad islamique à Gaza contiennent toujours assez de roquettes de courte et longue portée pour bombarder le territoire israélien. C'est d'ailleurs ce qu'a retenu de l'incident le Premier ministre israélien, pas vraiment convaincu par le message du Hamas, transmis par les Egyptiens. Selon l'organisation islamiste palestinienne, c'est l'orage qui serait responsable du tir. Mais pour Naftali Bennett, que ce soit une main humaine ou la foudre qui ait fait partir les fusées ne change rien. L'arsenal palestinien est toujours là et ses armes sont pointées vers Israël sans aucune légitimité.
Ceci étant posé, il faut aussi faire avec le réel. Depuis la fin de l'opération "Gardien des Murailles" de mai dernier, la trêve a été troublée par une série d'incidents, mais sans qu'aucun n'enclenche de nouvelle escalade. Le Hamas teste la réponse israélienne, sans aller jusqu'à la violation flagrante. Qu'il s'agisse d'émeutes sur la barrière de sécurité, de tirs de ballons incendiaires ou de roquettes, tout reste sous contrôle. Israël de son côté, mesure l'ampleur de ses ripostes. Tir d'artillerie immédiat le 29 décembre, quand un ouvrier israélien a été blessé par balle alors qu'il travaillait sur la barrière de sécurité. Frappes ciblées contre des positions du Hamas dans la nuit de samedi à dimanche, de longues heures après le tir des deux roquettes au large de Tel Aviv. Là, la riposte a été mesurée et réfléchie, laissant aussi au camp adverse le temps de se mettre à couvert. Et le gouvernement israélien n'a pas voulu non plus toucher aux allègements consentis à la population de Gaza, qu'il s'agisse de la zone de pêche, ou du fonctionnement des terminaux frontaliers pour le passage des personnes ou des marchandises, qui n'ont fait l'objet d'aucune restriction. L'idée étant de rappeler au Hamas ce qu'il a à perdre s'il s'engage dans l'escalade.
Reste à savoir si l'on peut effectivement parler de dissuasion israélienne sur le front de Gaza. Pour le Hamas, qui contrôle le territoire côtier depuis qu'il y a renversé l'Autorité Palestinienne en 2007, la consolidation de la trêve avec Israël doit s'accompagner de concessions supplémentaires et en particulier de la reconstruction des infrastructures de l'enclave. Mais les dirigeants israéliens ne sont pas prêts à s'engager sans garanties suffisantes et ne sont pas prêts à laisser le Hamas fixer les règles d'un rapport de forces que l'opération de Tsahal du mois de mai était censée avoir restauré à l'avantage d'Israël. Et le Jihad islamique, organisation pro-iranienne, plus faible politiquement, mais qui dispose d'une puissance de feu importante, menace elle aussi d'une nouvelle escalade, si l'un de ses activistes, détenu en Israël, devait succomber à la grève de la faim qu'il poursuit depuis plus de trois mois.
Pascale Zonszain
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