La délégitimation d'Israël, il n'y a rien là de vraiment nouveau. Depuis vingt ans et plus, le phénomène se répète et se renforce. Mais l'offensive qui se prépare, avertit le ministre israélien des Affaires étrangères, promet d'être particulièrement forte. Yaïr Lapid qui réunissait hier les correspondants diplomatiques de la presse israélienne en visioconférence, a tracé un tableau alarmant. Selon lui, il faut s'attendre à une campagne internationale d'une toxicité sans précédent, qui vise à présenter Israël comme un "Etat d'apartheid". Une campagne qui va se dérouler simultanément sur plusieurs fronts. D'abord devant le Tribunal Pénal International de La Haye, à l'initiative de l'Autorité Palestinienne. C'est la suite de la procédure annoncée l'an dernier par la Procureure du TPI sur les événements qui avaient accompagné et suivi l'opération "Bordure Protectrice" contre le Hamas en 2014, les émeutes palestiniennes sur la barrière de Gaza et la politique israélienne à Jérusalem et dans les territoires de Judée Samarie.
L'autre front à suivre sera celui de la Commission d'Enquête permanente mise en place par le Conseil des droits de l'homme de l'Onu à la suite de l'opération "Gardien des Murailles" de mai dernier et qui, comme son nom l'indique, ne sera pas limitée dans le temps et disposera de moyens importants. Pour s'en convaincre il suffit de comparer le budget de 55 millions de dollars dont elle a été dotée, quand la commission mise en place pour enquêter sur les violations des droits de l'homme en Syrie, se contente de 2 millions et demi. Son mot d'ordre est de présenter Israël comme un Etat pratiquant une politique délibérée de ségrégation raciale, non seulement à l'égard des Palestiniens, mais aussi des Arabes israéliens.
Et plus ce message se fera entendre et sera relayé par différentes organisations pro-palestiniennes, et plus Israël risquera de se retrouver ostracisé dans ses différentes participations internationales, comme dans la culture ou le sport. "La menace est réelle" a assuré Yaïr Lapid, qui redoute un effet boule de neige et estime qu'il faut monter au créneau sans attendre. En Israël, on est pourtant accoutumé à ces pics d'hostilité qui accompagnent chaque confrontation avec le Hamas et qui se traduisent par des discours haineux, mais aussi par des attaques verbales ou physiques contre des Juifs de diaspora. Généralement, les crises s'apaisent au bout de quelques semaines.
Mais cette fois, la tentative d'associer l'Etat d'Israël à la politique raciste pratiquée pendant des décennies par l'Afrique du Sud s'inscrit dans un contexte général d'idéologie décoloniale qui peut favoriser la propagation du mensonge. Et cela va bien plus loin qu'un accès de fièvre passager.
Pascale Zonszain
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