En attendant Abdeslam... des réflexions sur les dernières semaines passées, la chronique de Michel Zerbib

France.

En attendant Abdeslam... des réflexions sur les dernières semaines passées, la chronique de Michel Zerbib
(Crédit : Twitter)

Cette séquence un peu austère  du procès, qui venait après les extraordinaires témoignages des parties civiles, nous a invitée à quelques réflexions nécessaires. Il faut sans doute rappeler que c’est une  l’idéologie de mort qui a rendu possible l’horreur du 13-Novembre. Et qui nous permet de comprendre. Certes ce  procès est, d’abord celui d’accusés bénéficiant de la présomption d’innocence dont la responsabilité sera évaluée sur les faits qu’on leur reproche. Pas perdre de vue cela. Mais ces exposés étaient cruciaux car c’est comme si on analysait le procès de Klaus Barbie sans évoquer le fondement nationale-socialiste, le procès du génocide rwandais sans les théories génocidaires .

La question de l’islamisme a déjà été abordée devant les assises de Paris, notamment par la voix de commissaires de la DGSI replaçant les faits dans leur contexte. Elle le sera de nouveau dans les semaines et les mois à venir.

Des mots déshumanisant le «mécréant» comme les nazis parlaient de  sous-homme. On a donc entendu le propos d’un accusé expliquant que l’État islamique, "c’est l’islam qui fonctionne, le bon islam. Un adultère, la sanction est la lapidation. Les homosexuels, on les monte au sixième et on les jette dans le vide. On coupe la main des voleurs". Un autre, après avoir indiqué qu’on peut battre un enfant pour lui apprendre la vraie foi, crache sur "les femmes rebelles et désobéissantes d’Europe". Un troisième, qui disait en 2016 «je suis un soldat de Daech, j’adhère à sa philosophie» et disant en allusion à Charlie et quatre ans avant la décapitation de Samuel Paty: "La sanction pour celui qui se moque du Prophète, c’est la mort" ou l’attentat-suicide «qui rend Allah content» ou sur les «mécréants ennemis». Tout l’arsenal islamiste qui justifie, depuis des décennies, sous diverses bannières et bien avant les bombes de la coalition anti-Daech, des atrocités (égorgements de masse, exécutions d’enfants…) aussi terribles que celles jugées à Paris. En écoutant les policiers détailler leur enquête minutieuse, révéler leur connaissance hélas à posteriori, on comprend aussi qu’on n’en a pas fini avec ce fléau.

Sans doute que le terrorisme islamiste n’a pas seulement touché les corps et les esprits mais aussi les institutions de la République. On trouve normal l’exception. Depuis des années, le défilé de policiers français absents du tribunal, anonymisés et témoignant sur un écran opaque, crée un malaise.  Ces mesures sont nées du massacre de Magnanville, avec deux policiers égorgés, et des attentats répétés contre les forces de sécurité intérieure (12 morts et 33 blessés depuis décembre 2014). 

Mais aussi la défense qui crie que ces conditions la handicapent dans ses questions aux témoins enquêteurs. Notons au passage que l’anonymisation des enquêteurs belges a été rendue possible par un texte adopté en décembre 2016, après les attentats meurtriers de Bruxelles et alors que plusieurs attaques islamistes ont visé des fonctionnaires de police ces dernières années. 

Ces  auditions ont prouvé que les terroristes s’étaient joués des frontières en empruntant la «route des migrants» et d’autre part que la coopération entre pays européens était insuffisante. Même si la coopération s’est intensifiée. Le problème d’ailleurs est ancien puisque l’attentat du RER de Port-Royal, le 3 décembre 1996, avait été perpétré par un commando venu de Belgique et reparti à Bruxelles aussitôt après les faits.

 Quant aux frontières européennes, un expert du terrorisme soulignait récemment qu’elles demeuraient largement perméables. Et Patrick Calvar l’ancien patron de la DGSI devant la Cour fin décembre de reconnaître qu’un autre 13 novembre est toujours possible . 

Place maintenant à l’audition des terroriste sur les faits à partir de ce jeudi. 

https://youtu.be/mb3VjLFafUg

Michel Zerbib

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