Il est toujours instructif de consulter le rapport annuel de l'Institut pour la Démocratie en Israël. L'édition de 2021, qui a été remise hier au président de l'Etat ne déroge pas à la règle. Après une deuxième année de crise sanitaire, doublée d'un changement politique à la tête de l'exécutif, il était intéressant de voir comment les Israéliens avaient perçu la situation de leur pays. D'abord, une mauvaise note pour les médias. Les Israéliens sont 55% à estimer que leurs médias décrivent une situation plus sombre qu'elle n'est en réalité.
Quant à la cote de confiance qu'ils accordent à leurs institutions, elle est globalement en baisse par rapport à 2020, sauf pour le gouvernement, qui gagne deux points, passant de 25 à 27% d'opinions favorables. C'est Tsahal qui conserve la première place, même si sa cote passe de 90% en 2019 à 78% en octobre dernier, au moment où l'enquête a été réalisée. Vient ensuite l'institution présidentielle, suivie par la Cour Suprême et en queue de peloton la Knesset qui n'obtient que 21% et les partis politiques, toutes tendances confondues qui atteignent tout juste les 10% de confiance. Chez les Arabes israéliens en revanche, la confiance remonte pour l'ensemble des institutions, à l'exception de la police.
C'est d'ailleurs la tension entre Juifs et Arabes qui reste la principale source de préoccupation des Israéliens, loin devant les tensions entre droite et gauche. Un constat en rapport direct avec les violences qui avaient marqué le printemps dernier dans plusieurs villes à population mixte, dans les jours qui avaient précédé la confrontation avec le Hamas au mois de mai. Le sentiment de sécurité est d'ailleurs plus fort chez les Juifs – 61% - que chez les Arabes israéliens qui sont seulement 33% à considérer que l'Etat veille correctement à la sécurité de ses citoyens. Là c'est la violence interne qui sévit à l'intérieur du secteur arabe qui est en cause, alors que le gouvernement a entamé depuis l'automne un plan de lutte contre la criminalité dans ce secteur. Mais si les Arabes israéliens sont mécontents de leur sort, ils restent pourtant 81% à préférer vivre en Israël que dans un pays occidental dont ils pourraient obtenir la nationalité. En réponse à la même proposition, les Juifs sont seulement 70% à préférer Israël.
Et au niveau local, le rapport de l'Institut pour la Démocratie en Israël constate une évolution intéressante. 67% des Israéliens disent qu'ils souhaiteraient voir le gouvernement transférer plus de pouvoirs aux autorités locales, qui bénéficient d'une cote de confiance de 57%, plus élevée que celle des institutions nationales. Même si les Juifs et les Arabes ne partagent pas la même satisfaction de leurs élus et représentants locaux sur leur gestion du Covid, nettement moins élevée chez les Arabes qui considèrent aussi que la lutte contre la violence est insuffisante au niveau local, les Juifs et les Arabes israéliens, respectivement à 68 et 60% sont pour plus de décentralisation. Et les Israéliens commencent aussi à penser à une représentation géographique au parlement. Ils sont plus de 50% à estimer que les députés de la Knesset pourraient aussi représenter une circonscription. Mais pour l'instant, c'est encore de la politique fiction.
Pascale Zonszain
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