Depuis la fin de la semaine, l'affaire a presque réussi à faire oublier le Covid. C'est dire si l'annonce est sensationnelle. Un compromis est effectivement en cours de discussion entre les avocats de Benyamin Netanyahou et les magistrats du parquet. On en connait les grandes lignes : l'ancien Premier ministre reconnaitrait sa culpabilité sur les charges de fraude et d'abus de confiance. En échange, il serait relaxé dans le dossier de son entente avec le patron du quotidien Yediot Aharonot. Les deux autres affaires seraient maintenues, mais la charge la plus grave, celle de corruption qui pèse sur l'ancien chef du gouvernement serait abandonnée. Et surtout, la peine de prison requise par l'accusation serait commuée en travaux d'intérêt général.
Reste un point en suspens et non des moindres : la peine d'indignité qui accompagne ce type de délits. Autrement dit, une inéligibilité pour une durée de 7 ans. Ce qui dans le cas de Benyamin Netanyahou, âgé de 73 ans, revient à un retrait de la vie politique. Et cette sortie de scène du chef du Likoud, si et quand elle interviendra, va totalement bouleverser l'équilibre politique. D'abord au sein de son parti. Si Benyamin Netanyahou quitte la présidence du Likoud, il rouvre la bataille pour sa succession. Le comité central devra désigner un président intérimaire pour une durée de trois mois, le temps d'organiser des élections primaires où les adhérents éliront leur nouveau leader. Or, on s'en souvient, c'était la présence de Benyamin Netanyahou à la tête du Likoud qui avait empêché une alliance des partis de droite lors des élections de mars dernier. Si cet obstacle est levé, rien n'interdira à son successeur de tenter de reformer une coalition qui remplacerait celle qui s'est formée autour de Naftali Bennett et Yaïr Lapid. D'autant que certains anciens du Likoud, comme Gideon Saar ou Zeev Elkin, qui avaient quitté le parti conservateur, pourraient être tentés de rentrer au bercail pour y tenter leur chance. Dans ce cas, le parti Nouvel Espoir de Gideon Saar pourrait fusionner avec le Likoud. Et dans le camp de Naftali Bennett, il n'est pas garanti que la totalité de ses six députés acceptent de rester à ses côtés. Certains pourraient choisir de faire sécession, ou de rallier par exemple le parti Sionisme Religieux, ou même le Likoud. Les tensions idéologiques à l'intérieur de la coalition sont présentes depuis le début et les projets de réformes successifs ont déjà mis sa résilience à l'épreuve. Et on ne peut exclure l'hypothèse d'une crise initiée par une opposition de droite désormais sans Netanyahou, et qui déclencherait de nouvelles élections anticipées.
Dans tous les cas, cette recomposition du paysage politique ne se concrétisera pas avant plusieurs mois. Mais en attendant, l'annonce d'un possible compromis dans le procès Netanyahou a réveillé les passions pour et contre, replongeant les Israéliens dans un climat d'incertitude politique et de polémique dont ils commençaient seulement à se remettre.
Pascale Zonszain
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